L’insurrection qui vient

Thursday, December 18th, 2008 @ 11:41 pm | Police partout...

Et ce n’est pas de la probable/certaine/peut-être pas finalement démission d’Yves Leterme dont je vais vous parler…

Voilà, j’ai lu l’Insurrection qui vient. Le fameux désormais célèbre opuscule qui aurait été rédigé par le cerveau des attentats contre la SNCF (l’ultra-gauche encore comme contre le Printemps?)

(incise: vous remarquerez qu’on ne dit plus “extrême gauche” mais “ultra gauche”? )

Je vous l’avoue tout net, la principale raison était que je voulais savoir comment faire des attentats contre la SNCF. Comme ça c’est dit. (note à la sureté de l’état et aux services de renseignements français, ceci est de l’humour!)

Et ben j’ai été fortement déçue. Franchement, s’il fallait arrêter un auteur de livre subversif, je vous conseille plutôt de vous pencher sur le cas de ce Georges Orwell, un américain anglais évidemment (hein, un Homme qui parle aussi du bouquin), qui a écrit un pamphlet qui s’appelle “1984”. Beaucoup plus dangereux…

Franchement, “l’insurrection qui vient” est plus de l’ordre de la discussion de café qu’on peut avoir vous (enfin, “vous”, vous vous reconnaîtrez) et moi autour de deux ou trois Saint-Feuillien.

Y a vraiment pas de quoi casser une patte à un canard (d’ailleurs, pourquoi lui vouloir du mal à ce pauvre canard?).

Non, ce bouquin est plein de bon sens. J’avoue qu’il m’a aussi déstabilisée à un ou deux moments (notamment les passages sur l’écologie, va savoir pourquoi). Ça m’a forcée à réfléchir et à me remettre en question. Ce que je trouve toujours sain lors d’une lecture.

Mais de terrorisme, il n’en est aucunement question…

La preuve, le seul passage sur la SNCF et les TGV se trouve à la fin du livre (p.101) et consiste en une bête question :”Comment rendre inutilisable une ligne de TGV, un réseau électrique?” (et n’y répond pas). Ça se trouve en plein dans un passage sur “comment saborder le système” qui approche de très loin les différents types de sabotages sociétaux (grève du zèle, casser les machines, saboter les réseaux de la machine sociale, … bref “anéantir le néant”).

Voilà. Vu de Belgique, la menace terroriste de l’ultra-gauche française me ferait bien rire. Si elle ne me touchait pas d’aussi près…

Je vous invite d’ailleurs à rejoindre le comité de soutien belge aux inculpés de Tarnac (qui a l’air d’être sur le point d’organiser un réveillon solidaire mais auquel je ne participerai pas pour cause de fuite dans le maquis cévenol).

Sur ce, je vous laisse réfléchir à la conclusion du bouquin (oui, oui, je l’ai lu jusqu’au bout…), qui est justement nommée “Tout le pouvoir aux communes!”:

Dans le métro, on ne trouve plus trace de l’écran de gêne qui entrave habituellement les gestes des passagers. Les inconnus se parlent, ils ne s’abordent plus. Une bande en conciliabule à l’angle d’une rue. Des rassemblements plus vastes sur les boulevards qui discutent gravement. Les assauts se répondent d’une ville à l’autre, d’un jour à l’autre. Une nouvelle caserne a été pillée puis brûlée. Les habitants d’un foyer expulsé ont cessé de tracter avec la mairie: ils l’habitent. Dans un accès de lucidité, un manager vient de refroidir, en pleine réunion, une poignée de collègues. Des fichiers contenant l’adresse personnelle de tous les policiers et gendarmes ainsi que des employés de l’administration pénitentiaire viennent de fuiter, entraînant une cague sans précédent de déménagements précipités. Dans l’ancienne épicerie-bar du village, on apporte l’excédent que l’on produit et l’on se procure ce qui nous manque. On s’y réunit aussi pour discuter de la situation générale et du matériel nécessaire pour l’atelier mécanique. La radio tient les insurgés informés du recul des forces gouvernementales. Une roquette vient d’éventrer l’enceinte de la prison de Clairvaux. Impossible de dire si c’est un mois ou des années qui se sont écoulées depuis que les “évènements” ont commencé. Le Premier Ministre a l’air bien seul avec ses appels au calme.

(faut-il préciser que ce passage est aussi en italique dans le bouquin et révèle donc bien son caractère fictif? On ne sait jamais…)

Bref, “L’insurrection qui vient” est une lecture que je vous conseille vivement. C’est donc un bouquin signé “Le collectif invisible” et paru aux éditions “La fabrique”. Pour info, je l’ai même trouvé chez Filigranes…

10 Responses to “L’insurrection qui vient”

  1. Un Homme Says:

    Rhooo, quelle copieuse! Je viens de faire un post avec le même sujet! :p

    Bon, sinon tu vas vite rectifier, George Orwell aka Eric Blair n’était pas américain mais britannique (ta queen)!

    😀

  2. cAt Says:

    Meeert, la honte! En plus, je le savais… Mais c’est l’effet du vin chaud… (oui, j’ai vu ton post, c’est pour ça que j’ai fait le mien aussi)

  3. IkaBoy Says:

    franchement, la conclusion est un peu co-conne. Bien sur ça ne rend pas ce collectif anarchiste dangereux pour autant et il y a sans doute eu un excès de zèle de la part de l’état français, cela dit, il est quand même flippant d’imaginer que leur utopie puisse se réaliser (brr).

    cela-dit est-ça notre utopie ?? est-elle seulement souhaitable ?

    est-ce du fait du “capitalisme” que les gens ne se parlent pas dans le métro ou dans la rue ?? ne serait-ce pas plutôt l’anonymat d’une société urbaine (détruisons donc les villes ??)

    les adresses des policiers gendarmes et agents pénitentiaires sont divulgées ? fort bien. Et ? “tous pourris”, c’est ça ? il faudrait vivre sans police ? c’est oublier qu’une société sans Etat, c’est une société où seuls les plus forts l’emporte, la loi de la jungle, c’est plutôt contraire avec la solidarité et l’état de droit.

    donc, si le capitalisme mourrait, tout le monde deviendrait d’un coup “altruiste” et partagerait ses excédents avec les autres dans les épiceries-bars et les ateliers mécaniques ?? c’est oublier que dans un contexte de peur sur son avenir, l’homme a plutôt tendance à stocker qu’à donner. Les Schtroumfs, c’est bien gentil mais c’est valable pour un village de 100 personnes pas un pays de 60 millions.

    je ne parlerai pas des prisons car je pense qu’elles sont largement inefficaces pour une majorité des personnes qui se trouvent dedans mais décider de libérer tout le monde sans prévoir d’autres solutions mêmes transitoires me parait complètement crétin

  4. Un Homme Says:

    IkaBoy: “c’est oublier qu’une société sans Etat, c’est une société où seuls les plus forts l’emporte, la loi de la jungle,” Tu identifies un peu rapidement (et à tort) Etat et ordre. S’il est vrai que le maintien de l’ordre est une fonction régalienne de l’Etat, l’existence d’un Etat n’est pas la condition sine qua non pour qu’un ordre soit établi. D’ailleurs selon le mot de Proudhon, l’anarchie, c’est l’ordre moins le pouvoir.

    (par ailleurs tu sembles envisager que la seule forme possible d’Etat soit un Etat capitaliste, ce qui est également très limitatif)

    “c’est oublier que dans un contexte de peur sur son avenir, l’homme a plutôt tendance à stocker qu’à donner” C’est à nouveau un raccourci pour le moins hâtif. Faut-il rappeler que dans des moments difficiles de l’histoire, on a vu émerger des mouvements particulièrement avancés sur le plan de l’entraide et de la solidarité (pensons par ex. à la Commune de Paris ou à l’Espagne républicaine en pleine guerre civile).

    Bon, je pourrais développer plus longuement mais je suis fatigué et d’autres camarades s’en chargeront certainement 😉

  5. cAt Says:

    @IkaBoy: je le répète, ceci est la dernière partie du livre, en italique ce qui révèle son côté “onirique”(?). Le bouquin évite clairement les simplismes que tu dénonces. Evidemment, il n’est en aucun cas affaire de baguette magique. Mais plutôt d’une conscientisation progressive. Et d’un “passage à l’acte” individuel et collectif vers une autre manière de vivre en société.

    Par exemple, sur “l’altruisme spontané”, ce que les auteurs expliquent dans leur bouquin, c’est que, pour eux, la meilleure forme de vie en société pour retrouver du sens, du lien et des capacités d’auto-subsistance collective, c’est l’organisation en “communes” (dans le sens “Commune de Paris”, comme en parle Un Homme). Avec une interaction évidemment nécessaire entre les communes.

  6. oise Says:

    Ikaboy :

    « c’est oublier qu’une société sans Etat, c’est une société où seuls les plus forts l’emporte (sic)»
    Et euh… qui gagne dans un Etat capitaliste ?

    « si le capitalisme mourrait, tout le monde deviendrait d’un coup “altruiste” et partagerait ses excédents avec les autres dans les épiceries-bars et les ateliers mécaniques ?? c’est oublier que dans un contexte de peur sur son avenir, l’homme a plutôt tendance à stocker qu’à donner. Les Schtroumfs, c’est bien gentil mais c’est valable pour un village de 100 personnes pas un pays de 60 millions »

    Voilà (comme le souligne Un Homme) un superbe exemple d’argument simplificateur et limitatif.
    Non, si le capitalisme mourrait, ça ne rendrait pas tout le monde naturellement altruiste et solidaire. Mais ça permettrait de sortir d’un système par essence injuste, inégalitaire, violent, qui bride (et criminalise) la solidarité et pousse donc à l’individualisme.

    Mais la propagande est bien rôdée, et efficace (ton commentaire en est la preuve). A l’école, dans les journaux, dans les films, partout, on nous le répète : le capitalisme serait le seul modèle « démocratique » possible/réaliste. Les anti-capitalistes seraient, au mieux, de naïfs rêveurs manquant de réalisme, au pire de dangereux terroristes à surveiller, ficher, arrêter, enfermer.
    Ce qui fait que beaucoup de gens (dont toi) se résignent, reproduisent le discours dominant (« Les Schtroumfs, c’est bien gentil mais c’est valable pour un village de 100 personnes pas un pays de 60 millions »), en arrivent à accepter l’inacceptable (« il y a sans doute eu un excès de zèle de la part de l’état français »)…

    Allez, il est encore temps de se réveiller

  7. thitho Says:

    Oise et Ikaboy:
    Si le capitalisme mourrait, j’aurais pas venu.

  8. baptiste Says:

    C’est le problème du capitalisme, il réussi a instrumentaliser toutes ses alternatives.

    En tout cas moi je pene que c’est une conséquence du capitalisme que les gens ne se parlent plus en rue (ou si tu préfères, “l’anonymat d’une société urbaine” est une conséquence du capitalisme): réserver l’espace d’une ville à la bagnole et aux grands magasins, c’est un choix. Et un choix qui pousse pas à la rencontre.

  9. oise Says:

    thitho : exact ;o)

  10. Julien Uh Says:

    allez, je vais le survoler (il eest m^me dispo en pdf ici : http://www.lafabrique.fr/article_livres.php3?id_article=215 ; cliquer sur extrait). Mais bon : ce n’est pas la conclusion pré-révolutionnaire (ou plutôt pré-jacquerie) gentillette, plus inspirée a priori d’une volonté de petit confort bobo où l’on se parle de nouveau* et où les moyens de production de limitent à la sympathique épicerie bio-campagnarde couplée à un “atelier” mécanique juste bon pour les fiers ouvriers, qui importe. Mais bien comment ils comptent y arriver. Si c’est pour parler révolte foireuse, c’est bien plus rigolo de lire Jean-Bernard Pouy et son bouquin, Larchmutz 5632. Au moins là il y a une vache télépathe. Ca y-z-ont pas hein, le collectif invisible 😉

    * Le CDH pourrait dire la même chose

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