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Je ne suis pas une terroriste (bordel)

Thursday, April 16th, 2009

J’ai appris par la presse que j’étais plus que probablement surveillée par la Sûreté de l’Etat[1] parce que « le fait de participer à des destructions d’OGM, des invasions de sites nucléaires, des intrusions au Shape, d’approcher de près des organisations suspectes (comme Blood&Honour ou le DHKP-C), des partis extrémistes ( “Comme ce membre du PRL qui avait donné conférence au Front national voilà plusieurs années” ), cela peut susciter l’ouverture d’un dossier. Pas contre un élu, mais contre un citoyen. »[2]

Que je sois mise sur le même plan que l’extrême droite, violente et dangereuse, m’exaspère et m’inquiète. Je ne suis, contrairement à eux, ni liberticide, ni nazi, ni violente, ni dangereuse.

J’ai effectivement participé (et je continue de le faire) à des actions pacifistes et non violentes, telles que la destruction d’OGM illégalement cultivés sur notre territoire ou les tentatives annuelles d’intrusion sur les bases de l’OTAN pour dénoncer la présence illégale d’armes nucléaires (Bomspotting) ou encore la défense de membres du DHKP-C qui avaient été abusivement emprisonnés et dont, pour un, l’Etat belge s’est rendu coupable de coalition de fonctionnaires du plus haut niveau en tentant de le livrer illégalement à la Turquie (ce qu’un juge néerlandais n’a heureusement pas permis).

Je rajoute même que je revendique également mes combats auprès des sans-papiers ou ma mobilisation contre l’arrestation abusive des membres du Secours Rouge ou mon soutien aux inculpés de Clabecq ou même encore mon combat contre les méthodes spéciales de recherche et la loi du 30 novembre 2008 dont je n’ai cessé de dénoncer les possibles dérives… dont nous pouvons avoir un aperçu aujourd’hui !

Que ma vie politique soit sous surveillance, ce n’est pas finalement cela qui serait le plus gênant. En tant que femme politique, mes combats sont publics et médiatisés. Si je voulais être anonyme, j’aurais sans doute opté pour une carrière dans le macramé… Par contre, que l’on commence à surveiller ma vie privée parce que mes opinions tenteraient à faire croire certains que je serais dangereuse vis-à-vis de l’ordre établi, cela je ne peux en aucun cas l’admettre.

Si je ne sais pas si je suis réellement surveillée par la Sûreté de l’Etat (bien que j’ai des fameux doutes vu les voix bizarres et la piètre qualité de certains de mes appels téléphoniques (Bert et Jacqueline, je vous salue)), je sais encore moins de quelle sorte de surveillance il s’agit. Savoir que je préfère la Rochefort 8 à la Saint-Feuillien (ou le contraire), que mon activité sexuelle est plus ou moins intense, que je joue régulièrement à la crapette, que mes mails sont truffés d’humour de mauvais goût, que je rencontre telle ou telle personne à tel moment, que Monsieur X m’appelle trois fois par jour, que j’ai une passion pour les petits chats, que je pars de chez moi à 8h35 tous les matins, … je ne vois pas en quoi cela améliore la sûreté de l’Etat ! Ni en quoi cela concerne quelqu’un d’autre que moi.

Pour moi, il s’agit purement et simplement d’une intimidation inadmissible. Je suis une citoyenne respectable (oui, j’ose le dire sans rire). Je n’ai commis aucun délit, ni aucun crime sauf celui de penser autrement, de se battre pour des causes essentielles qui concernent, pour la plupart, des dysfonctionnements iniques voire illégaux de notre Etat. Dans une démocratie, il me paraît impensable que la Sûreté de l’Etat puisse commettre de telles exactions en toute impunité. Je veux savoir qui est concerné par ces dossiers spéciaux et pour quel motif. Je voudrais donc que Parlement se saississe sans délai de la question… Encore faudra-t-il que les parlementaires qui sont visés par ces surveillances puissent avoir accès à ces informations…


[1] Article de Georges Timmerman, “Staatsveiligheid houdt 200 ‘extremistische’ politici in de gaten”, De Morgen du 4 avril 2009

[2] Article de Roland Planchard, « La Sûreté surveille aussi les politiques », La Libre Belgique du 06 avril 2009