Archive for June, 2008

La « bande » a bon dos*

Saturday, June 28th, 2008

* ou “Moi aussi je suis solidaire avec U2”

(oooooh Catherine…)

(oui, je sais, mais c’était plus fort que moi, fallait que je le place et ça fait une semaine que je me retiens)

(Ca change des métaphores cyclistes, quoi)

Paru aujourd’hui dans La Libre Belgique.

Et encore signable sur le site de Solidarité avec les 5 Solidaires (S5S).

La « bande » a bon dos

Un nouveau pétard mouillé pour justifier les lois liberticides

Le 5 juin, la Belgique était tirée du sommeil par une nouvelle « alerte terroriste ». Quelques personnes avaient été réveillées un peu plus tôt. A 5h, des unités « anti-terroristes » débarquaient chez Wahoub Fayoumi, Pierre Carette, Betrand Sassoye, Virgine D. (relâchée le soir même) et Constant Hormans pour les appréhender et perquisitionner chez eux. Abdallah Ibrahim Abdallah, lui aussi recherché, se rendit de lui-même au commissariat. Le 6 juin, c’était au tour de Jean-François Legros d’être interpellé.

Des arrestations sans convocation préalable, menées par des policiers cagoulés, armés et n’hésitant pas à braquer leurs armes sur des mineurs. PC, GSM et quantité de documents saisis. Ecoutes téléphoniques, surveillance des déplacements et des comptes bancaires. Des « suspects » transportés, sirènes hurlantes, visage masqué et menottes aux poings vers un lieu secret, sans possibilité de contact avec leurs proches ni avec des avocats, soumis à un régime de détention spécial… Ces méthodes laissaient entendre que de dangereux individus auraient été interceptés.

Au compte-gouttes, le Parquet fédéral divulgua des « informations » dont le relais médiatique suscita des interprétations délirantes, nourries d’amalgames, d’anachronismes, de sensationnalisme et de fantasmes. Il fût ainsi question de deux anciens membres des CCC qui n’auraient pas respecté leurs conditions de libération et auraient eu l’intention de se reformer ou de « replonger dans le terrorisme » via une organisation italienne — qui n’existe pas en tant que telle et qui n’a fait l’objet d’aucune condamnation (c’est l’hypothétique intention de créer cette organisation qui est à l’instruction en Italie). Le scénario de tous les dangers fut entretenu par les descriptions des autres personnes interpellées : deux redoutables « grands bandits » et un mystérieux « Libanais », une journaliste présentée par pure spéculation comme la compagne de Carette. Selon l’hypothèse du Parquet fédéral, des explosifs auraient été retrouvés dans la « planque » de Sassoye ; une réunion aurait rassemblé les « suspects » et des « terroristes » italiens ; la justice italienne aurait transmis des écoutes téléphoniques compromettant les militants belges ; des courriels émis par Sassoye étaient cryptés…

Mais ces « preuves » ne résistent pas à l’analyse. Et les pièces du « dossier terroriste » s’écroulent les unes après les autres…

Les CCC n’existent plus depuis 1986. Les faits et gestes de leurs ex-militants sont connus de tous, notamment de leurs agents de probation qui n’ont jamais signalé de contravention à leurs conditions de libération. Carette, mis dans le même panier que Sassoye pour créer l’amalgame « CCC », n’est en fait pas lié à l’enquête qui a suscité les arrestations. Il a d’ailleurs été libéré ce 18 juin par le tribunal d’application des peines.

Les « explosifs » trouvés lors de la perquisition à la brasserie où travaille Sassoye n’étaient que de simples feux d’artifice achetés pour une fête de mariage.

La « réunion » où certains inculpés auraient rencontré des « terroristes » italiens s’est avérée une conférence publique dans un café du centre-ville dont la vidéo a été postée par ses organisateurs sur Internet.

Les écoutes téléphoniques italiennes relatives aux militants belges semblent en réalité n’avoir jamais existé : la justice italienne a seulement transmis des comptes rendus « d’écoutes d’environnement » dans un café, où sont évoqués des « flamands efficaces » sans aucun nom cité. Aucun des arrêtés de juin n’est d’ailleurs néerlandophone.

Quant au cryptage des courriels, il s’agit d’un procédé non seulement légal, mais aussi conseillé face au piratage et pratiqué par des banques, des ONG…

Il apparaît que les données rassemblées et la surveillance intrusive effectuée pendant un an grâce aux « méthodes particulières de recherche » n’ont pas révélé un seul élément justifiant cette opération musclée. Rien, si ce n’est quatre photos d’identité retrouvées sous des salades en Italie. Rien qui légitime arrestation ou détention préventive : une simple convocation par la juge aurait suffi.

C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé la Chambre du conseil le 11 juin et la chambre des mises en accusation le 26 juin en décidant de libérer trois des quatre inculpés. Mais par l’acharnement du Parquet, qui « veut donner une chance à l’enquête » (sic), quatre personnes restent poursuivies et l’une d’entre elle (Sassoye) est toujours incarcérée. Toute ressemblance avec l’affaire DHKP-C – qui malgré les acquittements se voit repartie pour être jugée une quatrième fois – est purement fortuite…

Pour nous, la question n’est pas de se positionner par rapport aux idées défendues par ces cinq personnes. Leur organisation (Secours Rouge) développe des activités publiques et légales de solidarité avec des victimes de la répression politique. Leur démarche s’inscrit dans une optique marxiste mais, jusqu’à nouvel ordre, cela n’est pas (encore) illicite dans un Etat de droit.

Nous ne pouvons accepter la répression de ces militants en raison de leurs seules idées et sympathies, pas plus que le message adressé à la population sur leur dos. La justice n’a rien à leur reprocher, si ce n’est des « délits » d’opinion, de solidarité et d’association, institués par les lois anti-terroristes en vigueur depuis 2003, alors que la Constitution et les conventions internationales garantissent ces droits fondamentaux.

Il serait aussi trop facile de se désintéresser du sort des « cinq solidaires » sous prétexte du passé judiciaire de certains. Ils ont été jugés et la justice ne revient pas sur la chose jugée. Ressortir leur passé aujourd’hui n’a d’autre objectif que d’effrayer la population autour d’un scénario monté de toutes pièces par le Parquet fédéral.

Il faut arrêter cette nouvelle mise en scène menée au nom de la « lutte anti-terroriste ». On se rappellera que, jusqu’ici, toutes les menaces invoquées à ce titre se sont révélées inconsistantes (la dernière en date étant l’alerte de niveau 4 qui a perturbé les fêtes de fin d’année). Les premières affaires montrent que le Parquet a d’abord essayé d’asseoir la légitimité de ces dispositifs en s’attaquant à des figures supposées moins populaires : communistes, étrangers, musulmans ou anciens auteurs de faits d’armes. S’agirait-il d’inquiéter la population pour mieux pouvoir la rassurer ensuite et justifier les dispositifs non démocratiques et les budgets colossaux déployés au nom du contrôle des populations et de la guerre au terrorisme ?

Les lois anti-terroristes sont des lois d’exception, liberticides. Elles permettent de criminaliser l’opinion politique, le militantisme et la solidarité. De plus, elles sont superflues : les actes qu’elles sont censées réprimer le sont déjà par d’autres dispositions du droit pénal. Ces lois sont dangereuses et produisent des effets néfastes, actuellement bien plus que les prétendues menaces terroristes. Si nous ne réagissons pas, ce sera demain n’importe quelle organisation politique, syndicale, non gouvernementale ou altermondialiste, n’importe quel citoyen engagé ou ayant simplement parlé au cousin de la belle-sœur de l’oncle d’un suspect lointain qui pourra être surveillé, qualifié de terroriste et arrêté.

Liste des signataires :

Ligue des droits de l’homme
UDEP-Bruxelles
Mouvement International de la Réconciliation – Internationale des Résistants à la Guerre
(MIR-IRG)
Manuel Abramowicz – Auteur, militant citoyen et délégué syndical CGSP-FGTB
France Arets – Porte-parole du CRACPE (Collectif de Résistance Aux Centres Pour Etrangers)
Laurent Arnauts – Avocat
Joëlle Baumerder – Directrice de La Maison du Livre
Anne Bautier – Psychologue
Emilien Baglio – D’autres Mondes, forum social à la liégeoise
Juliette Beghin – Criminologue ULB
Jean-Louis Berwart – Avocat
Mathieu Bietlot – Société belge des amis d’Aragon
Francis Bismans – Professeur de sciences économiques à l’Université de Nancy2, secrétaire général du Mouvement socialiste
Gueric Bosmans – Fédération bruxelloise des jeunes socialistes
Yannick Bovy – Journaliste
Gwenaël Breës – Journaliste et vidéaste
Didier Brissa – www.missurecoute.be, Une Autre gauche
Maia Chauvier – Comédienne
Claude Debrulle – Juriste et échevin d’Ittre
Didier de Laveleye – Anthropologue
Céline Delforge – Député régionale Ecolo
Chris Den Hond
– Reporter, LCR
Vincent De Raeve – Accompagnateur syndical FGTB, écrivain
Freddy Dewille – Conseiller communal du groupe Gauche Anderlues
Didier Dirix – Secrétaire régional Enseignement, FGTB-CGSP Liège
Paul-Emile Dupret – Juriste, GUE/NGL, Parlement européen
Pascal Durand – Professeur à l’ULG
Séverine Dusollier – Professeur FUNDP (Namur)
Julien Dohet – Historien du mouvement ouvrier
Pierre Eyben – Secrétaire politique de la Fédération de Liège du PC
Oscar Flores – CRER
Pascale Fonteneau – Ecrivain
Cristina Gay – Co-porte-parole Une Autre Gauche
Jean Flinker – Membre du CLEA
Pierre Galand – Professeur ULB
Michèle Gilkinet – Présidente de GRAPPE (Groupe de Réflexion et d’Action Pour une Politique Ecologique)
Corinne Gobin – Directrice du GRAID, ULB
José Gotovitch – Historien, chargé de cours honoraire en Histoire ULB
Eric Grandjean – Enseignant
Michel Grétry – Journaliste RTBF
Daniel Hélin – Chanteur
Bernard Hengchen – Maître assistant à la Haute Ecole Charleroi Europe, éditeur de la revue Travailler le social
Francis Houart – LCR-Bruxelles, membre d’ATTAC
Denis Horman – LCR
Marc Jacquemain – ULG
Thierry Jacques – Président du MOC
David Jamar – Chercheur ULB
Jean-Jacques Jespers – journaliste, chargé de cours à l’ULB
Catherine Kestelyn – Déléguées syndicale SETCa Bruxelles
Bahar Kimyongür – Inculpé du procès DHKP-C
Jean-Marie Klinkenberg – Professeur à l’ULG
David Lannoy – Jeunes FGTB
Pierre Lannoy – Chargé de cours ULB
Catherine Lemaître – Conseillère communale Ecolo bruxelles
Arnaud Levêque – Permanent FGTB namur
Cédric Libert – Membre du secrétariat de la Fédération bruxelloise des jeunes socialistes
Karim Majoros – Militant Ecolo
Francis Martens – Psychanalyste
Philippe Mary – Professeur ULB
Gregory Marzec – Secrétaire Centrale-génarale FGTB Charleroi
Jacky Morael – Ancien secrétaire fédéral d’Ecolo, Ministre d’Etat
Anne Morelli – Professeure à l’ULB
Carla Nagels – ULB
Christine Pagnoulle – Chargée de cours à l’Université de Liège, membre d’ATTAC-Liège
Jorge Palma – Chercheur ULG
Jean-Claude Paye – Sociologue
Julien Pieret – Juriste ULB
Jean-François Pontégnie – Co-porte-parole Une Autre Gauche
Yke Raxola – Musicien
Michel Recloux – Bibliothécaire
Nadine Rosa-Rosso – Enseignante et auteur
Yannick Samzun – Secrétaire général du PAC
François Schreuer – Journaliste
Claire Scohier – Criminologue ULB
Miguel Oliveira Silva – Permanent Interprofessionnel FGTB Sud-Hainaut
Olivier Starquit – Militant associatif
Maxime Steinberg – Historien
Isabelle Stengers – Philosophe, ULB
Annick Stevens – Philosophe
Michel Sylin – Chargé de cours ULB
Edgar Szoc – Chercheur
Olivier Taymans – Journaliste
Lise Thiry – Sénatrice honoraire
Cedric Tolley – Sociologue
Nathalie Trussart – ULB
Julien Uyttebroek – Historien et journaliste
Philippe Uyttebroek – Délégué syndical, président CGSP enseignement – régionale de Bruxelles
Dan Van Raemdonck – Professeur ULB et VUB
David Vercauteren – Groupe de Recherche et de Formation Autonomes (GReFA)
Grégoire Wallenborn – Chercheur ULB

lapetition.be

Thursday, June 26th, 2008

Je trouve ça… Comment dire… Déplacé ? Hallucinant ?

“Il faut donner une chance à l’enquête”

Thursday, June 26th, 2008

Et puis quoi encore?

(Wahoub, Constant et Abdallah sont libres! Bertrand voit son mandat d’arrêt confirmé)

Avec tout ça…

Thursday, June 19th, 2008

… J’en ai même oublié de vous partager mon moment mémorable du week-end dernier!

Ce n’est pas que j’ai croisé mon frangin à une soirée très verte et très pop.

Non.

Ni que j’ai laborieusement passé mon samedi ET mon dimanche à faire des aller-retours entre mon lit, les toilettes et le canapé.

Non plus.

Ni qu’on est jeudi soir, que je suis grippée, sur les rotules, et que j’ai encore une énorme journée de travail devant moi demain avant un magnifique mariage samedi.

Non non non.

Rien de tout ça.

J’ai ajouté une plume de plus à mon chapeau de midinette.

Après ce fantastique contact visuel d’une bonne dizaine de secondes avec John Stargasm au BRYC il y a quelques années, j’ai fait mieux.

Oui Mesdames et Messieurs.

Tom Barman m’a embrassée!

Je sens encore le picotement de sa barbe sur ma joue…

(oui ce n’était que la joue mais quand même. Merci Yves!)

Le Cauchemar, lettre de prison

Tuesday, June 17th, 2008

in Le Soir

Je suis journaliste. Mais ce n’est pas pour ça que j’écris aujourd’hui. Ce texte est mon témoignage. Quelque chose d’immense et d’effrayant m’est arrivé, il y a plus d’une semaine.

C’était jeudi. Le 5 juin, c’est l’anniversaire de mon compagnon. A 5h00 du matin, on frappe à la porte. Je dormais encore, je m’habille vite, ça a l’air important. Lorsque j’ouvre, je vois des policiers dans la cage d’escalier. Il y en a beaucoup. Je pense à un cambriolage. On me dit que c’est pour une perquisition. Chez moi ? « Vous venez chez moi ? » je dis. Oui. Je leur demande pourquoi. « On ne sait pas. On a juste un mandat. » Ils entrent. « Vous êtes seule ? Vous êtes sûres ? » Ils sont 6 ou 7. Ce n’est pas normal. « Que ce passe-t-il ? » je dis. Sur le papier, il y a écrit « terrorisme », « urgence ». « Vous êtes privée de liberté, madame. » On ne réalise rien à ce moment-là. On ne comprend simplement pas les mots. La tête tourne. Ils fouillent. Tout. La cuisine, la salle de bain, mes vêtements, mes livres. Ils mettent des choses de côté, ils disent « on saisit ». ça dure 3 heures. Ils prennent les ordinateurs, des affiches, des livres, un bouquin en arabe. Je leur dit « je dois aller au travail. » « Je ne pense pas que ce soit possible. » Je voudrais téléphoner, mon GSM est déjà saisi. Mon équipe attendra à Reyers, mon compagnon aussi, je ne verrai pas mon frère qui prépare un voyage de plus d’un an en Espagne et au Mali. Personne ne saura où je suis aujourd’hui.

« Au bureau » comme ils disent, c’est l’interrogatoire. Des questions sur mon nom, mon âge, mon loyer, mon numéro de carte de banque, mes opinions politiques, mes amis. Des heures passent, je commence à trembler. Aux questions auxquelles je réponds « je ne sais pas », ils insistent. Avant de comprendre ce qu’ils veulent. Le choc se diffuse lentement, à chaque question. C’est l’après-midi. J’aperçois des hommes cagoulés, armés. Ils viendront me chercher. Il doit être 17 ou 18 heures. Je suis menottée, attachée par une corde que tiennent deux hommes. Je suis masquée, je ne peux rien voir. Trajet en voiture. Sirènes hurlantes, escorte. Arrivée au Palais de Justice. Des couloirs, des ascenseurs, je ne vois rien. On s’arrête. Un homme m’enlève les menottes, mains sur la tête ; un autre, le masque. Je suis face à un mur gris. Une porte se ferme. Je n’ai vu personne. Je n’ai rien vu à part cette porte grise qui s’est fermée, grise comme les murs, comme le rebord en béton. Les murs lisses, affreusement lisses. Il n’y a aucune ouverture. J’ai l’impression d’étouffer. Envie de taper sur ces murs lisses. Je ne dois pas pleurer. Personne ne m’a dit un mot. J’attends. Des heures. 20h ? 22h ? Interrogatoire chez la juge d’instruction. « Vous n’avez pas tout dit ». Un cauchemar qui se poursuit. Je ne sais pas où j’ai mal. Ça va s’arrêter, j’en suis sûre. Je pleure quand elle parle de ma famille. C’en est trop.

A nouveau le cachot. Ma tête est raide. Je m’allonge sur le rebord en béton. Quelle heure est-il ? Est-ce que le temps s’allonge ou se rétrécit ? On reviendra me chercher. Chez la juge, dans ce bureau allumé au fond d’un couloir. « J’ai hésité » elle dit. Alors je sais. Sur mon mandat d’arrêt, il est 2h30.

C’était il y a une semaine et quatre jours. Beaucoup de choses à dire sur le mandat d’arrêt, sur l’inculpation, sur les méthodes.

Des méthodes de cowboys, des interrogatoires où on renverse la charge de la preuve. On m’a épié, surveillée, mise sur écoute, analysé mes comptes bancaires et mon écriture, depuis plus d’un an. Attendait-on de moi que je conforte une hypothèse de départ ? Que je donne des noms qui alimenteraient leur idée ? Leur enquête est restée désespérément vide. Est-ce pour cela que je suis en prison ? Sommes-nous là parce qu’il DOIT y avoir quelque chose ? Il suffirait alors de bien peu : d’affirmer des solidarités, d’avoir des idées politiques. Je l’ai entendu à notre charge, ces idées politiques ont été présentées comme en soi terroristes !

Je n’ai jamais caché mon engagement. Il est public, libre et réfléchi. Défendre des étudiants, des sans-papiers, des prisonniers politiques, se battre pour un monde plus juste, ce ne sont pas des engagements dont on doit avoir honte. Si je n’avais pas été ici, j’aurais été devant ces prisons, j’aurais écrit des communiqués, j’aurais contacté des associations.

La souffrance de ma mère et de mes frères, la solitude de mon compagnon, la tristesse de mes amis, l’incompréhension sur mon lieu de travail, la privation de liberté de quatre militants, la criminalisation de la solidarité, sont-ils des prix à payer ?

Wahoub

Prison de Berkendael

Avant qu’il ne soit trop tard… La FBJS et écolo j réagissent…

Thursday, June 12th, 2008

Revoir les lois anti-terroristes avant qu’il ne soit trop tard…

La toute récente vague d’arrestations opérée en Belgique pour « participation aux activités d’une organisation terroriste » nous pose fortement question.

Disons-le tout net afin d’éviter tout malentendu, il n’est nullement question dans ce communiqué d’apporter un soutien inconditionnel à une organisation ou à ses membres.

Nous ne nous sentons particulièrement proche ni de leurs combats et certainement pas de leurs méthodes. Mais nous considérons qu’il pourrait s’agir ici d’une étape supplémentaire dans la remise en cause de notre Etat de droit, par l’utilisation faite par l’Etat belge des « lois anti-terroristes »1 et des « méthodes particulières de recherche »2.

Le souvenir des actions des CCC et des années de plomb, agité à profusion par la majorité des médias, ne peut nous éloigner d’une analyse sereine de la situation. Si on « dépassionne » le débat, nous constatons surtout que nous ne savons rien ou presque. Le Parquet fédéral se retranche derrière la « menace terroriste » pour entourer cette affaire d’un voile opaque.

Nous ne pouvons nous empêcher de penser aux antécédents du Parquet fédéral en matière de « terrorisme ». Ce prétexte de la « lutte contre le terrorisme » a déjà été utilisé contre Bahar Kimyongür ou contre des militants de Greenpeace… Demain, à qui le tour ?

A l’instar du Comité de vigilance en matière de lutte contre le terrorisme (Comité T), nous nous inquiétons du fait que « (…) sous couvert de lutte contre le terrorisme, certains Etats ont accentué la répression contre certaines formes d’opposition. Ils sont aidés en cela par le caractère sciemment vague de la définition du terrorisme, qui permet de criminaliser certains mouvements sociaux. »3.

Chacun de nous est potentiellement concerné et c’est ensemble que nous devons exiger la révision immédiate de cette législation anti-terroriste et la mise sur pied d’un groupe de travail au sein du Parlement fédéral entre les pouvoirs publics et les associations de défense des droits humains visant à recadrer le débat et à rédiger un texte de loi ne faisant pas fi des libertés individuelles et de la liberté d’expression.

Aujourd’hui, s’il s’avère que des personnes ont été incarcérées sur base de ces seuls « délits d’opinion », alors nous demandons urgemment que la justice belge les réhabilite publiquement et que l’Etat belge change immédiatement sa législation liberticide.

Enfin, nous demandons au Parquet fédéral de faire preuve d’une transparence totale dans l’affaire traitée actuellement ainsi que dans toutes les affaires tombant sous le coup de la « loi antiterroriste » afin de sortir de ce climat de peur créé au sein de la population.

1 Loi du 19 décembre 2003 relative aux infractions terroristes

2 Loi du 6 janvier 2003 concernant les méthodes particulières de recherche et quelques autres méthodes d’enquête

3 Rapport 2007 du Comité T, p. 3

Pour écolo j : Barbara Trachte (co-coordinatrice) et Christophe Dubois (co-coordinateur)

Pour la Fédération bruxelloise des Jeunes Socialistes : David Cordonnier (Président)

Aujourd’hui, il y a encore des gens pour s’inquiéter!

Friday, June 6th, 2008

Ca fait plusieurs années que je m’inquiète pour nos libertés fondamentales et, particulièrement celles d’opinion et d’expression.

Fin des années 90, ça a été d’abord ces étudiants et professeurs liégeois jugés pour avoir écrit sur le sol, à la peinture à eau, des slogans lors des grèves de 1995.

Puis, ça a été Clabecq et le recours à une loi de la fin des années 1800 qui disait, en substance, que tout ceux qui disaient des choses qui pourraient amener des gens a commettre des actes délictueux seraient aussi coupables que ceux qui ont commis des actes délictueux.

Après, ça a été Bahar et le procès du DHKPC.

Puis le tag de Thierry.

Puis l’alerte au terrorisme sur Bruxelles (tiens, elle est toujours effective ou pas? Faudra que je demande…).

Aujourd’hui, c’est le Secours Rouge. Des dizaines de perquisition et quatre personne sous mandat d’arrêt pour “participation aux activités d’une organisation terroriste”.

La journaliste a passé sa première nuit en prison.

Et je m’inquiète, oui, je m’inquiète. Je ne suis d’ailleurs pas la seule.

Je me dis que le coup est bien joué. Evidemment, le lien avec les CCC, ça renforce l’option “terrorisme” auprès de la population. Je me dis aussi que la RTBF est bien pleutre. Assurer dans tous ses billets d’infos que l’arrestation d’un membre de sa rédaction ne concerne que des éléments de sa vie privée, sans se poser une seule fois la question du bien fondé de cette arrestation.

Moi je me la pose. Et je n’en ai pas dormi.

Thursday, June 5th, 2008

Quand j’étais en primaire, Madame Bury, ma prof de morale, avait une affiche juste au-dessus de son tableau:

Quand ils sont venus arrêter un juif
Je me suis dit : “un juif de plus ou de moins, il n’y a pas de quoi s’inquiéter”.

Quand ils sont venus arrêter un catholique
Je me suis dit : “un catholique de plus ou de moins, il n’y a pas de quoi s’inquiéter”.

Quand ils sont venus arrêter un communiste
Je me suis dit : “un communiste de plus ou de moins, il n’y a pas de quoi s’inquiéter”.

Quand ils sont venus m’arrêter
Il n’y avait plus personne pour s’inquiéter.

En fait, cette affiche, je me rends compte que c’est une des pierres angulaires de mon engagement politique.

Et aujourd’hui plus que jamais.