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Mon (arrière-)grand-père, ce héros

Tuesday, August 21st, 2007

Vous devez certainement connaître cette capsule qui passe vers 9h10 tous les matins de cet été sur La Première. Une personne explique en quelques minutes ce que son aïeul a fait de bien de sa vie. Ce matin, c’était le neveu de Georges (Big Bang) Lemaître. Aucun rapport avec moi (non, je ne suis pas la fille cachée du chanoine). Mais ça m’a donné des idées. Enfin, ça m’a rappelé des idées.

Il n’y a pas si longtemps que ça, je discutais en famille de la possibilité de contacter l’émission au sujet de mon arrière-grand-père. Et bien que Monsieur A et moi trouvons qu’il est sans nulle doute encore (sur)omniprésent et (sur)adulé dans la sphère familiale (au point où, par exemple, je ne connais le nom de mon arrière-grand-mère que depuis 2 ans), l’idée ne reçu qu’un écho très timoré.

Mon arrière-grand-père s’appelait Jean Fonteyne. Il est né en 1899 à Gand (Ledeberg). C’est le père de ma grand-mère paternelle. Tout ce que vous trouverez sur google en tapant “Jean Fonteyne“, c’est lui ou presque. Et malgré tout ce que je peux penser de son omniprésence familiale, je reste quand même vachement impressionnée, j’avoue…

Monsieur A sera sans doute beaucoup plus calé que moi sur des trucs plus politiques de sa vie (résistant, sénateur communiste, avocat, Revue Générale des Assurances et des Responsabilités, …) mais je retiens quelques petits éléments qui font que je serai éternellement sur le cul:

– il a terminé son droit en deux temps trois mouvements (deux ou trois ans, je ne sais plus un an 1/2 donc), profitant au passage pour séduire mon arrière-grand-mère (qui, elle, arrêta alors ses études universitaires) en lui dédicaçant des livres de poésie de Verhaeren. Moi qui n’ai pas terminé et qui suis toujours célibataire, hein… Il a commencé dans le cabinet de Paul-Emile Janson. Moi, j’ai commencé dans le cabinet de Nollet, oui c’est pas tout à fait la même chose mais bon…

– il inventé le “making off” en tournant “Autour du Borinage”, un film sur le tournage de “Misère au Borinage” de Storck et Ivens. Et là, chaque fois que je vois des bandes annonces pour tous ces making off qui passent à la télé, je ne peux m’empêcher de penser à mon compte en banque qui aurait pu être vachement mieux alimenté avec les royalties si l’arrière-grand-père avait pensé à déposer le concept…

– il est cité dans “Les Communistes” d’Aragon. Je crois que c’est le truc qui m’impressionne le plus. Passer à la postérité dans un bouquin. D’Aragon qui plus est. Ca, c’est autre chose que de passer dans la DH…

– En 1936, il a édité, avec son groupe “Education Par l’Image”, “Viva Octubre” un album de dessins d’Helios Gomez (réédité il y a peu, je vous le recommande vivement). Toutes proportions gardées, c’est un peu comme si j’avais édité Persépolis de Marjane Satrapi…

– En 1939, il a accueilli chez lui Maurice Thorez dans sa fuite vers l’URSS. J’en profite ici pour dire que José Bové et Clémentine Autain sont les bienvenus chez moi, au cas où…

– Bien que Bruxellois, il a été sénateur communiste de Charleroi-Thuin de 46 à 49. Effectivement, le Sénat je n’ai jamais encore tenté… Ca fait un petit choc de retrouver son nom dans une intervention de Coveliers notez…

– En 1950, le 22 août, il revient dare dare de l’enterrement de Julien Lahaut pour voir sa fille qui a accouché (sans douleur) de mon papa (bon anniversaire, en passant). Voilà, donc je suis sans doute une des rares personnes à connaître la date de l’enterrement de Lahaut. Ca pète, non?

– Un peu avant de mourir en 1974, il sera l’avocat de Willy Peers, avec Roger Lallemand. Une petite pierre dans le combat des femmes pour la légalisation de l’avortement, ce dont je suis clairement extrêment fière aussi…

Bref, ça faisait un moment que j’avais envie de coucher tout ça par écrit. Un exorcisme sans doute. Je crois que c’est le truc le plus personnel que j’ai posté sur mon blog jusqu’à présent.

Il y a énormément de blancs dans ce que j’ai bien pu raconter parce que toute sa vie a été intense, jusqu’au bout, et que mon esprit est très sélectif. Il y a aussi énormément de choses qu’il a gardées secrètes (comme une grosse part de ses activités dans la résistance). En plus, le personnage est tellement idôlatré dans ma famille qu’il y a tout un côté humain qui échappe. Tellement humain que mon arrière-grand-mère n’a pas survécu à sa mort (elle s’est suicidée très peu de temps après).

Pour terminer sur une note plus positive. C’est grâce à lui (enfin, à son héritage) que j’ai une maison à Soudorgues. Qu’Un Homme va expérimenter bientôt. Et qui n’attend que d’être remplie de gens biens. Donc si vous êtes intéressés, n’hésitez pas…