Archive for the 'Police partout…' Category

Minority Report?

Wednesday, November 16th, 2011

Il y a un an se tenait le No Border Camp… Et avaient lieu de violentes arrestations en marge de ce No Border Camp… J’ai eu l’occasion d’interroger le Bourgmestre à ce sujet. Une première fois où j’ai eu droit à une réponse écrite totalement insuffisante… Sur laquelle j’ai donc rebondi le 22 novembre 2010.

Question
orale de Mme Lemaitre sur « les suites des arrestations et des
comportements policiers en marge du Camp No Border et de la manifestation
européenne des syndicats.
Mme Lemaitre.- Pour rappel, je vous demandais ce qui avait motivé un tel
déploiement policier et quels étaient les critères sur la base desquels les personnes
avaient été arrêtées. Je vous demandais également si une enquête avait été ordonnée
sur le ces incidents. Vous avez répondu par écrit, le 4 novembre, à la question que
j’avais posée en comité secret des deux derniers Conseils communaux. Toutefois,
beaucoup d’interrogations demeurent.  36
Vous indiquez, en effet, que vous avez décidé de déployer des effectifs de police
importants, vu l’ampleur de la manifestation organisée par les syndicats européens ;
que le parcours de ladite manifestation longeait de nombreux points critiques ; que de
nombreux « black blocs » avaient décidé d’organiser leurs actions de manière
violente, un inventaire des cibles potentielles étant même repris sur le site Internet de
leur mouvement et que l’OCAM avait rendu un avis de menace élevée pour l’ordre
public liée à la présence de ces anarchistes. Quant aux personnes arrêtés, vous me
dites qu’elles étaient porteuses d’indices matériels attestant qu’elles se préparaient à
commettre une infraction ou troubler l’ordre public ; q’elles étaient porteuses de
bombes de peinture et de masque de plongée contre les gaz lacrymogène. Vous
précisez que la menace a été confirmée par l’attaque d’un commissariat, trois jours
plus tard. Dans votre réponse, vous n’évoquez que les événements de la journée de
manifestation du 29 novembre, alors que je vous interrogeais sur des événements
couvrant plusieurs jours et différents endroits de la Ville.
Si je vous comprends bien, vos services ont particulièrement ciblé les personnes
ressemblant à des anarchistes ou des black blocs, donc plutôt jeunes et habillés de
manière décontractée. Reconnaissez-vous que les arrestations ont été menées en
fonction de l’apparence des personnes présentes ?
Il ressort de votre réponse une grande confusion autour du black bloc, considéré
apparemment par vos services, sur avis de l’OCAM, comme une menace potentielle.
Le black bloc est généralement défini, non comme un mouvement politique,
anarchiste, selon vos services, mais comme une technique de manifestation qui
permet à des regroupements éphémères d’individus de défiler ensemble et, parfois, de
mener des actions directes. Il ne s’agit donc pas d’un mouvement politique, mais un
regroupement de personnes autonomes à l’occasion d’un événement. Vous affirmez
avoir découvert l’inventaire des cibles potentielles sur leur site Internet. J’aimerais en
avoir copie ou une capture d’écran, car, selon moi, il n’existe aucun site Black Bloc.
Vous indiquez également que les personne arrêtées le 29 octobre se trouvaient en
marge de la manifestation et ont fait l’objet d’une arrestation en concertation avec les
organisateurs de la manifestation. 37
Pouvez-vous me préciser les modalités de cette concertation ? En effet, selon les
informations dont je dispose, ce sont les services de police qui ont empêché une
partie des dix manifestants de rejoindre le cortège, alors que les organisateurs
syndicaux avaient accepté leur présence. Certains manifestants – des images circulant
sur Internet le prouvent – ont été arrêtés en plein cortège, à hauteur de la Porte de Hal.
Vous précisez dans votre réponse que ces personnes se sont révélées porteuses de
bombes de peinture et de masques de plongée contre les gaz lacrymogènes. Combien
d’individus ont-ils été arrêtés en possession de ces objets ? Selon vos informations,
les services de police ont constaté la présence de ces objets après l’arrestation desdites
personnes, puisqu’elles se sont « révélées » porteuses desdits objets. Vous affirmez
également que la menace s’est « avérée » réelle, vu l’attaque de policiers et le raid
violent contre un commissariat de la place du Jeu de Balle. Vos services de police
ont-elles des dons de voyance ? En effet, elles ont deviné, avant d’arrêter les
personnes, qu’elles portaient des objets considérés comme dangereux, tels des maques
de plongée et des bombes de peinture, et que, faute d’être appréhendées, elles auraient
commis un raid violent contre un commissariat, trois jours plus tard. Cela s’apparente
un à de la science-fiction. Ne faut-il pas rétablir la chronologie des événements ?
Vous mettez en avant que la violence fut telle que quatre mandats d’arrêt ont été
délivrés à la suite de ces événements. Pourtant, ces quatre personnes sont libres, le
juge d’instruction ayant ordonné leur libération. Elles restent donc présumées
innocentes. Le droit de manifester est garant tant par la Constitution belge, dans son
article 26, que par la Convention européenne des droits de l’homme, dans son article
11.
M. le Bourgmestre.- Posez-vous une question ou êtes-vous en train de décortiquer ce
qui vous a été dit ? Si vous souhaitez une réponse, faites-le par écrit et je vous
répondrai. Il me semble que vous utilisez un procédé étrange, qui consiste à utiliser
mes réponses pour revenir sur le même sujet. Posez une question claire et j’y
répondrai. 38
Mme Lemaitre.- Nous n’avons tenu aucun débat en séance sur ce sujet. Votre
réponse écrite ne répondait en rien aux questions qui vous étaient posées. Je souhaite
un débat public sur ce sujet important qu’est l’attitude des forces de police. Même
Amnesty International s’inquiète de ce qui passe à la Ville de Bruxelles. Des
manifestants arrêtés, qui venaient de l’étranger, se sont demandé s’ils se trouvaient
réellement dans la capitale de l’Europe. Les Bruxellois ont le droit d’exiger une police
qui travaille correctement. On évoque d’intimidations d’ordre sexuelle par les forces
de police, de droits fondamentaux bafoués… Il s’agit d’une question fondamentale.
Vous affirmez que les policiers ont agi conformément à l’article 34 de la loi du 5 août
1992 sur la fonction de police, qui traite du contrôle d’identité. Pouvez-vous me
préciser en quoi les critères prévus à l’article 31 de la même loi, relatif aux
arrestations administratives, ont été respectés pour les centaines d’arrestations
effectuées les 29 et 30 septembre, et le 1er octobre. Amnesty International s’est
inquiétée des réactions des forces de police et a demandé l’ouverture d’une enquête
indépendante. S’il s’avère que les forces de l’ordre ont été responsables de tels
comportements, elle demande que ces personnes soient poursuivies en justice. La
Ligue des droits de l’homme a recueilli plusieurs dizaines de témoignages qui
confirment, de manière concordante, les faits suivants : aucun motif aux personnes
arrêtées pour leur arrestation et leur mise en détention ; colsons excessivement
serrés ; intimidations par les policiers à l’aide chiens ; intimidations d’ordre sexuel par
les policiers à l’égard d’hommes et de femmes ; accès aux toilettes, à l’eau et à la
nourriture refusés dans un premier temps et accordés ensuite, après 4 heures de
détention. Des détenus ont dû se soulager dans leur cellule même. À leur sortie, les
détenus ont été sommés de signer un document indiquant qu’ils avaient troublé l’ordre
public. Des photos ont été prises de chaque détenu, parfois de force. Il est également
fait état de violences policières dans le bus qui transportaient les détenus à la caserne,
généralement devant leur refus d’obtempérer aux ordres sans avoir obtenu
d’information sur les arrestations ou l’usage de la force. Cela ne vous semble-t-il pas
suffisant pour ordonner une enquête sur ces agissements, d’autant plus que dans vos 39
réponses, vous m’affirmez qu’aucune plainte n’avait été déposée au pénal. Or, depuis
lors, une dizaine de plaintes ont été introduites. Suite à cela, avez-vous ordonné une
enquête sur ces faits graves ?
M. le Bourgmestre.- Votre question avait des allures de procès d’intention.
En aucune manière les services de police n’ont ciblé de personnes de manière
discriminatoire. Ils ont eu, à plusieurs reprises, l’attention attirée par des
comportements de personnes, ou des circonstances de temps ou de lieu, ou par des
indices matériels, le tout laissant à penser que les personnes en question (je cite le
texte de loi) « s’apprêtaient à commettre des infractions qui mettaient gravement en
danger la tranquillité et la sécurité publiques ». Prescrits auxquels les services de
police doivent veiller. De même, les services de police sont intervenus à l’encontre
des personnes qui commettaient des infractions.
J’en viens aux blacks-blocs. Comme vous le relevez justement, les blacks blocs ne
sont pas des personnes identifiées. Notre mission consistait à empêcher la formation
de ce type de groupe et du cortège de violences qui lui est lié. Car laisser des groupes
opportunistes et violents parasiter les manifestations pacifiques et légitimes est un
danger, raison pour laquelle le droit de manifester n’est pas un droit absolu et que les
services de police n’agissent qu’à l’encontre de ces groupes violents.
Quant aux cibles visées par les anarchistes, leur liste est encore disponible sur les
sites des médias dits alternatifs qui l’avaient publiée. Il ne m’appartient toutefois pas
de diffuser ce type d’informations, eu égard à l’instruction en cours. Ce n’est d’ailleurs
qu’un élément qui aura contribué à l’avis de menace grave rendu par l’organe de
coordination pour l’analyse de la menace (OCAM, organe fédéral).
Pour ce qui est de la concertation avec les responsables syndicaux, je puis vous
confirmer que des contacts téléphoniques quasi permanents avaient lieu entre les
services de police désignés et les responsables reconnus de la manifestation.
La question des objets trouvés sur ces personnes ressort également d’un dossier
judiciaire en cours et pour lequel aucun commentaire ne peut être fait, à l’exception
des éléments de ma précédente réponse. 40
L’attaque du commissariat de la 4e division relève également d’un dossier judiciaire
en cours d’instruction. Néanmoins, elle démontre à suffisance que l’inquiétude des
services était justifiée. Cette action menée par une dizaine d’activistes fut
extrêmement violente. Pour éviter des comportements de ce type par des centaines
d’activistes, les mesures requises doivent être adoptées par les pouvoirs publics.
J’en viens aux motifs des arrestations administratives pendant le No border camp.
Chaque arrestation administrative a été individuellement motivée et répondait aux
critères de la loi sur la fonction de police. Il m’est impossible de m’engager sur celles
du 1er octobre, ces arrestations ayant eu lieu sur le territoire d’une autre commune.
Quant aux inquiétudes d’Amnesty International et de la Ligue des Droits de
l’homme, à ce jour, soit 7 semaines après les faits que vous mentionnez, les services
de police n’ont reçu aucune demande de la part des associations que vous citez. Les
témoignages auxquels vous faites référence doivent être nuancés et pris avec
beaucoup de précaution. Certains d’entre eux constituent davantage un réquisitoire
contre les forces de police qu’un témoignage sincère.
Nous n’avons pas connaissance de plaintes au pénal pour les comportements
incriminés. Une déclaration d’intention ne suffit pas en l’occurrence. La seule plainte
actuellement connue a été déposée auprès du Comité P. Enfin, je me dois de rappeler
les propos de la ministre de l’Intérieur, qui a qualifié l’action des forces de police lors
de cette manifestation de nécessaire, proportionnée et efficace.
Toutefois, il va de soi que si des comportements tels que des humiliations à caractère
sexuel ou des coups sur les détenus en cellule ont été commis, et que des plaintes sont
déposées en ce sens, j’exigerai une enquête interne et je déposerai éventuellement
plainte en justice. J’ai toujours agi de la sorte à l’égard de notre corps de notre police
lorsque de tels événements se produisaient.
Mme Lemaitre.- Je prends acte de vos réponses qui, sur certains points, me semblent
totalement insuffisantes. Je dispose de témoignages de personnes arrêtés qui
contredisent vos propos. Les dossiers en cours devront être instruits. Donc, vous
demandez que la Ligue des Droits de l’homme, si elle dispose de témoignages sur ces 41
événements, vous les adresse également, de manière directe ?
M. le Bourgmestre.- Exactement.
Mme Lemaitre.- La liste des cibles visées peuvent être consultée sur des sites
alternatifs ?
M. le Bourgmestre.- C’est exact. L’OCAM surveille également ces sites et nous
communique certaines données.
Mme Lemaitre.- Le 1er octobre, des arrestations ont eu lieu, également de mineurs,
sur le territoire de la Ville, notamment près du Palais de Justice.

Question orale de Mme Lemaitre sur « les suites des arrestations et des comportements policiers en marge du Camp No Border et de la manifestation européenne des syndicats.

Mme Lemaitre.- Pour rappel, je vous demandais ce qui avait motivé un tel déploiement policier et quels étaient les critères sur la base desquels les personnes avaient été arrêtées. Je vous demandais également si une enquête avait été ordonnée sur le ces incidents.
Vous avez répondu par écrit, le 4 novembre, à la question que j’avais posée en comité secret des deux derniers Conseils communaux. Toutefois, beaucoup d’interrogations demeurent. Vous indiquez, en effet, que vous avez décidé de déployer des effectifs de police importants, vu l’ampleur de la manifestation organisée par les syndicats européens ; que le parcours de ladite manifestation longeait de nombreux points critiques ; que de nombreux « black blocs » avaient décidé d’organiser leurs actions de manière violente, un inventaire des cibles potentielles étant même repris sur le site Internet de leur mouvement et que l’OCAM avait rendu un avis de menace élevée pour l’ordre public liée à la présence de ces anarchistes. Quant aux personnes arrêtés, vous me dites qu’elles étaient porteuses d’indices matériels attestant qu’elles se préparaient à commettre une infraction ou troubler l’ordre public ; q’elles étaient porteuses de bombes de peinture et de masque de plongée contre les gaz lacrymogène. Vous précisez que la menace a été confirmée par l’attaque d’un commissariat, trois jours plus tard.
Dans votre réponse, vous n’évoquez que les événements de la journée de manifestation du 29 novembre, alors que je vous interrogeais sur des événements couvrant plusieurs jours et différents endroits de la Ville.  Si je vous comprends bien, vos services ont particulièrement ciblé les personnes ressemblant à des anarchistes ou des black blocs, donc plutôt jeunes et habillés de manière décontractée. Reconnaissez-vous que les arrestations ont été menées en fonction de l’apparence des personnes présentes ?
Il ressort de votre réponse une grande confusion autour du black bloc, considéré apparemment par vos services, sur avis de l’OCAM, comme une menace potentielle. Le black bloc est généralement défini, non comme un mouvement politique, anarchiste, selon vos services, mais comme une technique de manifestation qui permet à des regroupements éphémères d’individus de défiler ensemble et, parfois, de mener des actions directes. Il ne s’agit donc pas d’un mouvement politique, mais un regroupement de personnes autonomes à l’occasion d’un événement.
Vous affirmez avoir découvert l’inventaire des cibles potentielles sur leur site Internet. J’aimerais en avoir copie ou une capture d’écran, car, selon moi, il n’existe aucun site Black Bloc. Vous indiquez également que les personne arrêtées le 29 octobre se trouvaient en marge de la manifestation et ont fait l’objet d’une arrestation en concertation avec les organisateurs de la manifestation. Pouvez-vous me préciser les modalités de cette concertation ? En effet, selon les informations dont je dispose, ce sont les services de police qui ont empêché une partie des manifestants de rejoindre le cortège, alors que les organisateurs syndicaux avaient accepté leur présence. Certains manifestants – des images circulant sur Internet le prouvent – ont été arrêtés en plein cortège, à hauteur de la Porte de Hal. Vous précisez dans votre réponse que ces personnes se sont révélées porteuses de bombes de peinture et de masques de plongée contre les gaz lacrymogènes. Combien d’individus ont-ils été arrêtés en possession de ces objets ? Selon vos informations, les services de police ont constaté la présence de ces objets après l’arrestation desdites personnes, puisqu’elles se sont « révélées » porteuses desdits objets.
Vous affirmez également que la menace s’est « avérée » réelle, vu l’attaque de policiers et le raid violent contre un commissariat de la place du Jeu de Balle. Vos services de police ont-elles des dons de voyance ? En effet, elles ont deviné, avant d’arrêter les personnes, qu’elles portaient des objets considérés comme dangereux, tels des maques de plongée et des bombes de peinture, et que, faute d’être appréhendées, elles auraient commis un raid violent contre un commissariat, trois jours plus tard. Cela s’apparente un à de la science-fiction. Ne faut-il pas rétablir la chronologie des événements ? Vous mettez en avant que la violence fut telle que quatre mandats d’arrêt ont été délivrés à la suite de ces événements. Pourtant, ces quatre personnes sont libres, le juge d’instruction ayant ordonné leur libération. Elles restent donc présumées innocentes.
Le droit de manifester est garanti tant par la Constitution belge, dans son article 26, que par la Convention européenne des droits de l’homme, dans son article 11.

M. le Bourgmestre.- Posez-vous une question ou êtes-vous en train de décortiquer ce qui vous a été dit ? Si vous souhaitez une réponse, faites-le par écrit et je vous répondrai. Il me semble que vous utilisez un procédé étrange, qui consiste à utiliser mes réponses pour revenir sur le même sujet. Posez une question claire et j’y répondrai.

Mme Lemaitre.- Nous n’avons tenu aucun débat en séance sur ce sujet. Votre réponse écrite ne répondait en rien aux questions qui vous étaient posées. Je souhaite un débat public sur ce sujet important qu’est l’attitude des forces de police. Même Amnesty International s’inquiète de ce qui passe à la Ville de Bruxelles. Des manifestants arrêtés, qui venaient de l’étranger, se sont demandé s’ils se trouvaient réellement dans la capitale de l’Europe. Les Bruxellois ont le droit d’exiger une police qui travaille correctement. On évoque d’intimidations d’ordre sexuelle par les forces de police, de droits fondamentaux bafoués… Il s’agit d’une question fondamentale.
Vous affirmez que les policiers ont agi conformément à l’article 34 de la loi du 5 août 1992 sur la fonction de police, qui traite du contrôle d’identité. Pouvez-vous me préciser en quoi les critères prévus à l’article 31 de la même loi, relatif aux arrestations administratives, ont été respectés pour les centaines d’arrestations effectuées les 29 et 30 septembre, et le 1er octobre. Amnesty International s’est inquiétée des réactions des forces de police et a demandé l’ouverture d’une enquête indépendante. S’il s’avère que les forces de l’ordre ont été responsables de tels comportements, elle demande que ces personnes soient poursuivies en justice.
La Ligue des droits de l’homme a recueilli plusieurs dizaines de témoignages qui confirment, de manière concordante, les faits suivants : aucun motif aux personnes arrêtées pour leur arrestation et leur mise en détention ; colsons excessivement serrés ; intimidations par les policiers à l’aide chiens ; intimidations d’ordre sexuel par les policiers à l’égard d’hommes et de femmes ; accès aux toilettes, à l’eau et à la nourriture refusés dans un premier temps et accordés ensuite, après 4 heures de détention. Des détenus ont dû se soulager dans leur cellule même. À leur sortie, les détenus ont été sommés de signer un document indiquant qu’ils avaient troublé l’ordre public. Des photos ont été prises de chaque détenu, parfois de force. Il est également fait état de violences policières dans le bus qui transportaient les détenus à la caserne, généralement devant leur refus d’obtempérer aux ordres sans avoir obtenu d’information sur les arrestations ou l’usage de la force. Cela ne vous semble-t-il pas suffisant pour ordonner une enquête sur ces agissements, d’autant plus que dans vos réponses, vous m’affirmez qu’aucune plainte n’avait été déposée au pénal. Or, depuis lors, une dizaine de plaintes ont été introduites. Suite à cela, avez-vous ordonné une enquête sur ces faits graves ?

M. le Bourgmestre.– Votre question avait des allures de procès d’intention. En aucune manière les services de police n’ont ciblé de personnes de manière discriminatoire. Ils ont eu, à plusieurs reprises, l’attention attirée par des comportements de personnes, ou des circonstances de temps ou de lieu, ou par des indices matériels, le tout laissant à penser que les personnes en question (je cite le texte de loi) « s’apprêtaient à commettre des infractions qui mettaient gravement en danger la tranquillité et la sécurité publiques ». Prescrits auxquels les services de police doivent veiller. De même, les services de police sont intervenus à l’encontre des personnes qui commettaient des infractions. J’en viens aux blacks-blocs. Comme vous le relevez justement, les blacks blocs ne sont pas des personnes identifiées. Notre mission consistait à empêcher la formation de ce type de groupe et du cortège de violences qui lui est lié. Car laisser des groupes opportunistes et violents parasiter les manifestations pacifiques et légitimes est un danger, raison pour laquelle le droit de manifester n’est pas un droit absolu et que les services de police n’agissent qu’à l’encontre de ces groupes violents. Quant aux cibles visées par les anarchistes, leur liste est encore disponible sur les sites des médias dits alternatifs qui l’avaient publiée. Il ne m’appartient toutefois pas de diffuser ce type d’informations, eu égard à l’instruction en cours. Ce n’est d’ailleurs qu’un élément qui aura contribué à l’avis de menace grave rendu par l’organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM, organe fédéral).
Pour ce qui est de la concertation avec les responsables syndicaux, je puis vous confirmer que des contacts téléphoniques quasi permanents avaient lieu entre les services de police désignés et les responsables reconnus de la manifestation. La question des objets trouvés sur ces personnes ressort également d’un dossier judiciaire en cours et pour lequel aucun commentaire ne peut être fait, à l’exception des éléments de ma précédente réponse. L’attaque du commissariat de la 4e division relève également d’un dossier judiciaire en cours d’instruction. Néanmoins, elle démontre à suffisance que l’inquiétude des services était justifiée. Cette action menée par une dizaine d’activistes fut extrêmement violente. Pour éviter des comportements de ce type par des centaines d’activistes, les mesures requises doivent être adoptées par les pouvoirs publics.
J’en viens aux motifs des arrestations administratives pendant le No border camp. Chaque arrestation administrative a été individuellement motivée et répondait aux critères de la loi sur la fonction de police. Il m’est impossible de m’engager sur celles du 1er octobre, ces arrestations ayant eu lieu sur le territoire d’une autre commune. Quant aux inquiétudes d’Amnesty International et de la Ligue des Droits de l’homme, à ce jour, soit 7 semaines après les faits que vous mentionnez, les services de police n’ont reçu aucune demande de la part des associations que vous citez.
Les témoignages auxquels vous faites référence doivent être nuancés et pris avec beaucoup de précaution. Certains d’entre eux constituent davantage un réquisitoire contre les forces de police qu’un témoignage sincère. Nous n’avons pas connaissance de plaintes au pénal pour les comportements incriminés. Une déclaration d’intention ne suffit pas en l’occurrence. La seule plainte actuellement connue a été déposée auprès du Comité P. Enfin, je me dois de rappeler les propos de la ministre de l’Intérieur, qui a qualifié l’action des forces de police lors de cette manifestation de nécessaire, proportionnée et efficace. Toutefois, il va de soi que si des comportements tels que des humiliations à caractère sexuel ou des coups sur les détenus en cellule ont été commis, et que des plaintes sont déposées en ce sens, j’exigerai une enquête interne et je déposerai éventuellement plainte en justice. J’ai toujours agi de la sorte à l’égard de notre corps de notre police lorsque de tels événements se produisaient.

Mme Lemaitre.- Je prends acte de vos réponses qui, sur certains points, me semblent totalement insuffisantes. Je dispose de témoignages de personnes arrêtés qui contredisent vos propos. Les dossiers en cours devront être instruits. Donc, vous demandez que la Ligue des Droits de l’homme, si elle dispose de témoignages sur ces événements, vous les adresse également, de manière directe ?

M. le Bourgmestre.– Exactement.

Mme Lemaitre.- La liste des cibles visées peuvent être consultée sur des sites alternatifs ?

M. le Bourgmestre.- C’est exact. L’OCAM surveille également ces sites et nous communique certaines données.

Mme Lemaitre.- Le 1er octobre, des arrestations ont eu lieu, également de mineurs, sur le territoire de la Ville, notamment près du Palais de Justice.

 

(la suite la semaine prochaine…)

Les loups ouhouh… ouhouhouh…

Friday, November 11th, 2011

Bon ben voilà. Les “marchés” ont eu la peau du Gouvernement grec pour installer l’extrême-droite à sa place…

(et d’ailleurs, faudra qu’on m’explique comment on peut encore appeler “socialistes” des gens qui acceptent d’être ministres dans un Gouvernement qui comprend desun ministre facho)

Ca ne préjuge rien de bon.

Chez nous non plus…

(c’était le moment “fin du monde” de la journée)

 

Je ne suis pas une terroriste (bordel)

Thursday, April 16th, 2009

J’ai appris par la presse que j’étais plus que probablement surveillée par la Sûreté de l’Etat[1] parce que « le fait de participer à des destructions d’OGM, des invasions de sites nucléaires, des intrusions au Shape, d’approcher de près des organisations suspectes (comme Blood&Honour ou le DHKP-C), des partis extrémistes ( “Comme ce membre du PRL qui avait donné conférence au Front national voilà plusieurs années” ), cela peut susciter l’ouverture d’un dossier. Pas contre un élu, mais contre un citoyen. »[2]

Que je sois mise sur le même plan que l’extrême droite, violente et dangereuse, m’exaspère et m’inquiète. Je ne suis, contrairement à eux, ni liberticide, ni nazi, ni violente, ni dangereuse.

J’ai effectivement participé (et je continue de le faire) à des actions pacifistes et non violentes, telles que la destruction d’OGM illégalement cultivés sur notre territoire ou les tentatives annuelles d’intrusion sur les bases de l’OTAN pour dénoncer la présence illégale d’armes nucléaires (Bomspotting) ou encore la défense de membres du DHKP-C qui avaient été abusivement emprisonnés et dont, pour un, l’Etat belge s’est rendu coupable de coalition de fonctionnaires du plus haut niveau en tentant de le livrer illégalement à la Turquie (ce qu’un juge néerlandais n’a heureusement pas permis).

Je rajoute même que je revendique également mes combats auprès des sans-papiers ou ma mobilisation contre l’arrestation abusive des membres du Secours Rouge ou mon soutien aux inculpés de Clabecq ou même encore mon combat contre les méthodes spéciales de recherche et la loi du 30 novembre 2008 dont je n’ai cessé de dénoncer les possibles dérives… dont nous pouvons avoir un aperçu aujourd’hui !

Que ma vie politique soit sous surveillance, ce n’est pas finalement cela qui serait le plus gênant. En tant que femme politique, mes combats sont publics et médiatisés. Si je voulais être anonyme, j’aurais sans doute opté pour une carrière dans le macramé… Par contre, que l’on commence à surveiller ma vie privée parce que mes opinions tenteraient à faire croire certains que je serais dangereuse vis-à-vis de l’ordre établi, cela je ne peux en aucun cas l’admettre.

Si je ne sais pas si je suis réellement surveillée par la Sûreté de l’Etat (bien que j’ai des fameux doutes vu les voix bizarres et la piètre qualité de certains de mes appels téléphoniques (Bert et Jacqueline, je vous salue)), je sais encore moins de quelle sorte de surveillance il s’agit. Savoir que je préfère la Rochefort 8 à la Saint-Feuillien (ou le contraire), que mon activité sexuelle est plus ou moins intense, que je joue régulièrement à la crapette, que mes mails sont truffés d’humour de mauvais goût, que je rencontre telle ou telle personne à tel moment, que Monsieur X m’appelle trois fois par jour, que j’ai une passion pour les petits chats, que je pars de chez moi à 8h35 tous les matins, … je ne vois pas en quoi cela améliore la sûreté de l’Etat ! Ni en quoi cela concerne quelqu’un d’autre que moi.

Pour moi, il s’agit purement et simplement d’une intimidation inadmissible. Je suis une citoyenne respectable (oui, j’ose le dire sans rire). Je n’ai commis aucun délit, ni aucun crime sauf celui de penser autrement, de se battre pour des causes essentielles qui concernent, pour la plupart, des dysfonctionnements iniques voire illégaux de notre Etat. Dans une démocratie, il me paraît impensable que la Sûreté de l’Etat puisse commettre de telles exactions en toute impunité. Je veux savoir qui est concerné par ces dossiers spéciaux et pour quel motif. Je voudrais donc que Parlement se saississe sans délai de la question… Encore faudra-t-il que les parlementaires qui sont visés par ces surveillances puissent avoir accès à ces informations…


[1] Article de Georges Timmerman, “Staatsveiligheid houdt 200 ‘extremistische’ politici in de gaten”, De Morgen du 4 avril 2009

[2] Article de Roland Planchard, « La Sûreté surveille aussi les politiques », La Libre Belgique du 06 avril 2009

L’insurrection qui vient

Thursday, December 18th, 2008

Et ce n’est pas de la probable/certaine/peut-être pas finalement démission d’Yves Leterme dont je vais vous parler…

Voilà, j’ai lu l’Insurrection qui vient. Le fameux désormais célèbre opuscule qui aurait été rédigé par le cerveau des attentats contre la SNCF (l’ultra-gauche encore comme contre le Printemps?)

(incise: vous remarquerez qu’on ne dit plus “extrême gauche” mais “ultra gauche”? )

Je vous l’avoue tout net, la principale raison était que je voulais savoir comment faire des attentats contre la SNCF. Comme ça c’est dit. (note à la sureté de l’état et aux services de renseignements français, ceci est de l’humour!)

Et ben j’ai été fortement déçue. Franchement, s’il fallait arrêter un auteur de livre subversif, je vous conseille plutôt de vous pencher sur le cas de ce Georges Orwell, un américain anglais évidemment (hein, un Homme qui parle aussi du bouquin), qui a écrit un pamphlet qui s’appelle “1984”. Beaucoup plus dangereux…

Franchement, “l’insurrection qui vient” est plus de l’ordre de la discussion de café qu’on peut avoir vous (enfin, “vous”, vous vous reconnaîtrez) et moi autour de deux ou trois Saint-Feuillien.

Y a vraiment pas de quoi casser une patte à un canard (d’ailleurs, pourquoi lui vouloir du mal à ce pauvre canard?).

Non, ce bouquin est plein de bon sens. J’avoue qu’il m’a aussi déstabilisée à un ou deux moments (notamment les passages sur l’écologie, va savoir pourquoi). Ça m’a forcée à réfléchir et à me remettre en question. Ce que je trouve toujours sain lors d’une lecture.

Mais de terrorisme, il n’en est aucunement question…

La preuve, le seul passage sur la SNCF et les TGV se trouve à la fin du livre (p.101) et consiste en une bête question :”Comment rendre inutilisable une ligne de TGV, un réseau électrique?” (et n’y répond pas). Ça se trouve en plein dans un passage sur “comment saborder le système” qui approche de très loin les différents types de sabotages sociétaux (grève du zèle, casser les machines, saboter les réseaux de la machine sociale, … bref “anéantir le néant”).

Voilà. Vu de Belgique, la menace terroriste de l’ultra-gauche française me ferait bien rire. Si elle ne me touchait pas d’aussi près…

Je vous invite d’ailleurs à rejoindre le comité de soutien belge aux inculpés de Tarnac (qui a l’air d’être sur le point d’organiser un réveillon solidaire mais auquel je ne participerai pas pour cause de fuite dans le maquis cévenol).

Sur ce, je vous laisse réfléchir à la conclusion du bouquin (oui, oui, je l’ai lu jusqu’au bout…), qui est justement nommée “Tout le pouvoir aux communes!”:

Dans le métro, on ne trouve plus trace de l’écran de gêne qui entrave habituellement les gestes des passagers. Les inconnus se parlent, ils ne s’abordent plus. Une bande en conciliabule à l’angle d’une rue. Des rassemblements plus vastes sur les boulevards qui discutent gravement. Les assauts se répondent d’une ville à l’autre, d’un jour à l’autre. Une nouvelle caserne a été pillée puis brûlée. Les habitants d’un foyer expulsé ont cessé de tracter avec la mairie: ils l’habitent. Dans un accès de lucidité, un manager vient de refroidir, en pleine réunion, une poignée de collègues. Des fichiers contenant l’adresse personnelle de tous les policiers et gendarmes ainsi que des employés de l’administration pénitentiaire viennent de fuiter, entraînant une cague sans précédent de déménagements précipités. Dans l’ancienne épicerie-bar du village, on apporte l’excédent que l’on produit et l’on se procure ce qui nous manque. On s’y réunit aussi pour discuter de la situation générale et du matériel nécessaire pour l’atelier mécanique. La radio tient les insurgés informés du recul des forces gouvernementales. Une roquette vient d’éventrer l’enceinte de la prison de Clairvaux. Impossible de dire si c’est un mois ou des années qui se sont écoulées depuis que les “évènements” ont commencé. Le Premier Ministre a l’air bien seul avec ses appels au calme.

(faut-il préciser que ce passage est aussi en italique dans le bouquin et révèle donc bien son caractère fictif? On ne sait jamais…)

Bref, “L’insurrection qui vient” est une lecture que je vous conseille vivement. C’est donc un bouquin signé “Le collectif invisible” et paru aux éditions “La fabrique”. Pour info, je l’ai même trouvé chez Filigranes…

Heureusement, Barack Obama va tous nous sauver…

Wednesday, November 12th, 2008

Bien le bonjour cher-e lecteur/trice!

Tout d’abord, permets-moi de t’adresser toutes mes confuses à propos des absences répétées de ton blog préféré. L’Homme à poil est parti au Japon quelques jours et n’a malheureusement pas pensé à laisser de la nourriture de réserve à son serveur… Du coup, celui-ci s’est quelque peu énervé. Il s’est débranché une première fois pour aller faire quelques courses au Délèze. La seconde fois, il a profité de l’absence de l’Homme pour aller faire la fête en ville… Ah la la, grands enfants, grands problèmes, comme on dit…

Heureusement, Barack Obama a réglé tout ça en moins de deux et me voilà donc de retour en ligne.

Et puis, je ne sais pas si tu as vu mais, en France, ils viennent d’arrêter une bande de méchants de “l’ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome qui ont mis des blocs de bétons sur les rails et des trucs en métal sur les cateners. Juste à temps. Parce que, comme c’est si bien dit dans l’article de liberation.fr :”Selon une source proche du dossier, la SDAT, qui avait cette mouvance dans le collimateur depuis avril pour des «dégradations», s’interroge sur «d’éventuels liens avec l’ultra-gauche allemande qui a déjà revendiqué des actions contre des trains transportant des déchets nucléaires».”

Tu me laisseras être dubitative hein… Le terrorisme d’extrême-gauche pendant les crises économiques, on connait… Je suppose que les enquêteurs ont déjà retourné tous les champs de salade à la recherche d’éventuels complices…

Je peux encore dire ce que je veux. Et même que je suis dubitative sur ce terrorisme d’extrême gauche qui arrive à point nommé. Ce qui n’aurait pas été le cas si j’avais été fonctionnaire de l’éducation nationale, en France toujours.

Enfin je dis ça mais j’attends avec impatience les résultats de la petite enquête que va faire pour moi la Commission sur la Protection de la Vie Privée dans les fichiers de la police…

Mélasse, quand je mets mes doigts dans la mélasse*

Sunday, August 24th, 2008

Le 21 août dernier, le PS communiquait sur les sans-papiers. Sans doute parce que c’est l’été, les rédactions n’ont fait que relayer le communiqué en bon petit sol

Communiqué du PS du 21 avril

Expulsion des 2 fillettes tchéchènes et ordre de quitter le territoire de Rothman Salazar : le PS dénonce le caractère arbitraire et inhumain des mesures prises par l’Office des étrangers

L’Office des étrangers a expulsé hier deux fillettes tchéchènes alors que leur mère se trouve à l’hôpital, et ce malgré les protestations répétées du directeur du centre d’accueil. Cette expulsion est scandaleuse et viole notamment le principe fondamental de l’unité familiale.

Ce même Office a récemment délivré un ordre de quitter le territoire à Rothman Salazar, un jeune Equatorien de 19 ans qui est en Belgique depuis 6 ans et entame des études supérieures dans notre pays.

Le PS dénonce le caractère arbitraire et inhumain des décisions relatives aux expulsions prises par l’Office des étrangers, qui illustre une fois de plus l’impérieuse nécessité d’adopter un cadre clair en la matière.

Le PS insiste pour que l’accord du gouvernement soit mis en application avec loyauté et correction dans les plus brefs délais. En attendant, pour que des drames humains soient évités, il demande un moratoire sur les expulsions.

Par ailleurs, le Groupe PS de la Chambre interpellera la Ministre de l’Immigration sur les raisons justifiant la décision d’expulser les deux fillettes en Pologne, et demandera, dès la rentrée parlementaire, une audition du directeur de l’Office des étrangers en Commission de l’Intérieur.

Ah ouais… “inhumain”, “arbitraire”, “scandaleux”, “drames humains”, … ce sont les bons mots pour qualifier la “politique migratoire” de la Belgique.

Entre parenthèses, que l’Office affirme après l’expulsion des deux filles tchétchènes qu’elle n’a fait que suivre la législation européenne donne une belle claque à tous ces progressiss’ de gauche de l’Europe qui ont martelé que la Directive retour de la honte était un grand pas en avant pour tous les pays qui n’avaient pas encore de réglementation et que, de toute façon, ça n’empêchait pas la Belgique d’aller plus loin.

En effet, la Belgique va plus loin.

Bref, pour en revenir à ce communiqué, quelle réjouissance extrême d’apprendre que le PS ne sera plus membre du Gouvernement à la prochaine rentrée parlementaire. Et abandonnera également les fonctions qu’il occupe dans les communes de Saint-Gilles, de Bruxelles-Ville, d’Ixelles, de Molenbeek,… ou partout ailleurs où les Bourgmestres signent encore les Ordes de Quitter le Territoire et envoient leur police contrôler et arrêter les gens qui ne sont pas en règle.

Ah? Ah bon?

Pourtant je lis bien que “le Groupe PS de la Chambre interpellera la Ministre de l’Immigration sur les raisons justifiant la décision d’expulser les deux fillettes en Pologne, et demandera, dès la rentrée parlementaire, une audition du directeur de l’Office des étrangers en Commission de l’Intérieur“.

J’en déduis qu’il n’est rien prévu de faire aux autres niveaux de pouvoir où le PS règne. Pouvoir exécutif, de surcroît. Qui “exécute” donc. Terme tout à fait approprié en la matière…

Communiqué de l’UDEP du 23/08/08

LE PS MENT, IL ARRÊTE ET EXPULSE QUOTIDIENNEMENT!

L’UDEP s’étonne des récentes condamnations du Ps envers l’Office des étrangers(voir texte plus bas) et appelle le Ps à joindre les actes à la parole en appliquant un moratoire sur les communes socialistes, telles que le font déjà certaines communes flamandes et 2 francophones. (1)    L’UDEP rappelle que si le Ps dans son discours, réclame un moratoire à grands bruits: “En attendant, pour que des drames humains soient évités, le PS demande un moratoire sur les expulsions.”( communiqué PS – 21 août 2008), le Ps arrête quotidiennement les personnes sans papiers dans ses communes et les livre sans sourciller à l’Office des étrangers, sachant très bien les conséquences d’enfermement et d’expulsion encourus par ces personnes. (2)  C’est bien sur le territoire de la commune de St-Gilles que le jeune Rothman Salazar s’est fait contrôler et c’est à Forest qu’il s’est fait mettre au cachot et livrer aux mesures ” à caractère arbitraire et inhumain prises par l’Office des étrangers.” (communiqué PS – 21 août 2008). Aussi, si le Ps veut vraiment “éviter des drames humains”(ibidem), qu’il évite dans le futur de les provoquer. L’UDEP déplore que le Ps pointe sans cesse l’Office des étrangers et non pour le défendre, mais pour éclairer nos responsables socialistes, l’UDEP leur rappelle que l’Office est une administration appliquant des lois (que le Ps a votées lors des législatures précédentes) et exécutant les ordres d’un gouvernement par l’intermédiaire et la tutelle d’une Ministre, Mme Turtelboom.   Gouvernement dont le Ps fait partie et pour lequel il s’était fermement engagé à ne pas participer sans que celui ci n’effectue une opération de régularisation sur base des critères des attaches durables… Aussi, l’UDEP appelle le Ps à interpeller directement la Ministre plutôt que ses sous fifres et l’enjoint à tenir ses engagements politiques.   Malgré toute l’importance que le Ps semblait y accorder (avant les élections),  la situation des deux fillettes tchéchènes et du jeune Rothman entre autres, sont plus que vous ne voulez le laisser croire, aussi de votre amère et entière responsabilité.

L’UDEP (Union de défense des personnes sans papiers)

(1) Lors du dernier Cercle du silence tenu à Louvain-La-Neuve, son Bourgmestre (Ecolo) s’est engagé à ne plus signer aucun ordre d’expulsion, bientôt rejoint par son comparse d’Amay.

(2) Marie Arena s’est battue pourtant pour faire respecter les engagements du Ps, malheureusement, elle semble bien isolée sur la question dans son parti.

* Henri Dès, toujours.

En attendant Godot…

Sunday, August 10th, 2008

… et l’inspiration (et le début de Cold Case mais ça ne se dit pas, ça), je ne résiste pas à l’envie de faire un bref petit tour du net politique.

Tout d’abord en vous recommandant un projet de carte blanche qui date d’il y a quelques semaines mais qui n’a pas trouvé preneur dans la presse bourg traditionnelle.

Et puis, si ce n’est déjà le cas, en vous recommandant la série de l’été de La Libre. Qui interroge des politicien-ne-s d’une manière disons un peu décalée.

C’est là qu’on apprend que le meilleur ami de De Wever est francophone, que Reynders lit Cédric (et sait mettre la vaisselle dans le lave-vaisselle), que Chastel mange à l’écailler du Palais Royal et que Marie-Dominique Simonet lit dans les lignes de la main.

C’est chaque jour de plus en plus savoureux. Des petits détails sur leur vie privée qui, on le sent, ont été pesés à la voyelle près par leur service de presse. Ou pas. Et c’est encore meilleur…

La « bande » a bon dos*

Saturday, June 28th, 2008

* ou “Moi aussi je suis solidaire avec U2”

(oooooh Catherine…)

(oui, je sais, mais c’était plus fort que moi, fallait que je le place et ça fait une semaine que je me retiens)

(Ca change des métaphores cyclistes, quoi)

Paru aujourd’hui dans La Libre Belgique.

Et encore signable sur le site de Solidarité avec les 5 Solidaires (S5S).

La « bande » a bon dos

Un nouveau pétard mouillé pour justifier les lois liberticides

Le 5 juin, la Belgique était tirée du sommeil par une nouvelle « alerte terroriste ». Quelques personnes avaient été réveillées un peu plus tôt. A 5h, des unités « anti-terroristes » débarquaient chez Wahoub Fayoumi, Pierre Carette, Betrand Sassoye, Virgine D. (relâchée le soir même) et Constant Hormans pour les appréhender et perquisitionner chez eux. Abdallah Ibrahim Abdallah, lui aussi recherché, se rendit de lui-même au commissariat. Le 6 juin, c’était au tour de Jean-François Legros d’être interpellé.

Des arrestations sans convocation préalable, menées par des policiers cagoulés, armés et n’hésitant pas à braquer leurs armes sur des mineurs. PC, GSM et quantité de documents saisis. Ecoutes téléphoniques, surveillance des déplacements et des comptes bancaires. Des « suspects » transportés, sirènes hurlantes, visage masqué et menottes aux poings vers un lieu secret, sans possibilité de contact avec leurs proches ni avec des avocats, soumis à un régime de détention spécial… Ces méthodes laissaient entendre que de dangereux individus auraient été interceptés.

Au compte-gouttes, le Parquet fédéral divulgua des « informations » dont le relais médiatique suscita des interprétations délirantes, nourries d’amalgames, d’anachronismes, de sensationnalisme et de fantasmes. Il fût ainsi question de deux anciens membres des CCC qui n’auraient pas respecté leurs conditions de libération et auraient eu l’intention de se reformer ou de « replonger dans le terrorisme » via une organisation italienne — qui n’existe pas en tant que telle et qui n’a fait l’objet d’aucune condamnation (c’est l’hypothétique intention de créer cette organisation qui est à l’instruction en Italie). Le scénario de tous les dangers fut entretenu par les descriptions des autres personnes interpellées : deux redoutables « grands bandits » et un mystérieux « Libanais », une journaliste présentée par pure spéculation comme la compagne de Carette. Selon l’hypothèse du Parquet fédéral, des explosifs auraient été retrouvés dans la « planque » de Sassoye ; une réunion aurait rassemblé les « suspects » et des « terroristes » italiens ; la justice italienne aurait transmis des écoutes téléphoniques compromettant les militants belges ; des courriels émis par Sassoye étaient cryptés…

Mais ces « preuves » ne résistent pas à l’analyse. Et les pièces du « dossier terroriste » s’écroulent les unes après les autres…

Les CCC n’existent plus depuis 1986. Les faits et gestes de leurs ex-militants sont connus de tous, notamment de leurs agents de probation qui n’ont jamais signalé de contravention à leurs conditions de libération. Carette, mis dans le même panier que Sassoye pour créer l’amalgame « CCC », n’est en fait pas lié à l’enquête qui a suscité les arrestations. Il a d’ailleurs été libéré ce 18 juin par le tribunal d’application des peines.

Les « explosifs » trouvés lors de la perquisition à la brasserie où travaille Sassoye n’étaient que de simples feux d’artifice achetés pour une fête de mariage.

La « réunion » où certains inculpés auraient rencontré des « terroristes » italiens s’est avérée une conférence publique dans un café du centre-ville dont la vidéo a été postée par ses organisateurs sur Internet.

Les écoutes téléphoniques italiennes relatives aux militants belges semblent en réalité n’avoir jamais existé : la justice italienne a seulement transmis des comptes rendus « d’écoutes d’environnement » dans un café, où sont évoqués des « flamands efficaces » sans aucun nom cité. Aucun des arrêtés de juin n’est d’ailleurs néerlandophone.

Quant au cryptage des courriels, il s’agit d’un procédé non seulement légal, mais aussi conseillé face au piratage et pratiqué par des banques, des ONG…

Il apparaît que les données rassemblées et la surveillance intrusive effectuée pendant un an grâce aux « méthodes particulières de recherche » n’ont pas révélé un seul élément justifiant cette opération musclée. Rien, si ce n’est quatre photos d’identité retrouvées sous des salades en Italie. Rien qui légitime arrestation ou détention préventive : une simple convocation par la juge aurait suffi.

C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé la Chambre du conseil le 11 juin et la chambre des mises en accusation le 26 juin en décidant de libérer trois des quatre inculpés. Mais par l’acharnement du Parquet, qui « veut donner une chance à l’enquête » (sic), quatre personnes restent poursuivies et l’une d’entre elle (Sassoye) est toujours incarcérée. Toute ressemblance avec l’affaire DHKP-C – qui malgré les acquittements se voit repartie pour être jugée une quatrième fois – est purement fortuite…

Pour nous, la question n’est pas de se positionner par rapport aux idées défendues par ces cinq personnes. Leur organisation (Secours Rouge) développe des activités publiques et légales de solidarité avec des victimes de la répression politique. Leur démarche s’inscrit dans une optique marxiste mais, jusqu’à nouvel ordre, cela n’est pas (encore) illicite dans un Etat de droit.

Nous ne pouvons accepter la répression de ces militants en raison de leurs seules idées et sympathies, pas plus que le message adressé à la population sur leur dos. La justice n’a rien à leur reprocher, si ce n’est des « délits » d’opinion, de solidarité et d’association, institués par les lois anti-terroristes en vigueur depuis 2003, alors que la Constitution et les conventions internationales garantissent ces droits fondamentaux.

Il serait aussi trop facile de se désintéresser du sort des « cinq solidaires » sous prétexte du passé judiciaire de certains. Ils ont été jugés et la justice ne revient pas sur la chose jugée. Ressortir leur passé aujourd’hui n’a d’autre objectif que d’effrayer la population autour d’un scénario monté de toutes pièces par le Parquet fédéral.

Il faut arrêter cette nouvelle mise en scène menée au nom de la « lutte anti-terroriste ». On se rappellera que, jusqu’ici, toutes les menaces invoquées à ce titre se sont révélées inconsistantes (la dernière en date étant l’alerte de niveau 4 qui a perturbé les fêtes de fin d’année). Les premières affaires montrent que le Parquet a d’abord essayé d’asseoir la légitimité de ces dispositifs en s’attaquant à des figures supposées moins populaires : communistes, étrangers, musulmans ou anciens auteurs de faits d’armes. S’agirait-il d’inquiéter la population pour mieux pouvoir la rassurer ensuite et justifier les dispositifs non démocratiques et les budgets colossaux déployés au nom du contrôle des populations et de la guerre au terrorisme ?

Les lois anti-terroristes sont des lois d’exception, liberticides. Elles permettent de criminaliser l’opinion politique, le militantisme et la solidarité. De plus, elles sont superflues : les actes qu’elles sont censées réprimer le sont déjà par d’autres dispositions du droit pénal. Ces lois sont dangereuses et produisent des effets néfastes, actuellement bien plus que les prétendues menaces terroristes. Si nous ne réagissons pas, ce sera demain n’importe quelle organisation politique, syndicale, non gouvernementale ou altermondialiste, n’importe quel citoyen engagé ou ayant simplement parlé au cousin de la belle-sœur de l’oncle d’un suspect lointain qui pourra être surveillé, qualifié de terroriste et arrêté.

Liste des signataires :

Ligue des droits de l’homme
UDEP-Bruxelles
Mouvement International de la Réconciliation – Internationale des Résistants à la Guerre
(MIR-IRG)
Manuel Abramowicz – Auteur, militant citoyen et délégué syndical CGSP-FGTB
France Arets – Porte-parole du CRACPE (Collectif de Résistance Aux Centres Pour Etrangers)
Laurent Arnauts – Avocat
Joëlle Baumerder – Directrice de La Maison du Livre
Anne Bautier – Psychologue
Emilien Baglio – D’autres Mondes, forum social à la liégeoise
Juliette Beghin – Criminologue ULB
Jean-Louis Berwart – Avocat
Mathieu Bietlot – Société belge des amis d’Aragon
Francis Bismans – Professeur de sciences économiques à l’Université de Nancy2, secrétaire général du Mouvement socialiste
Gueric Bosmans – Fédération bruxelloise des jeunes socialistes
Yannick Bovy – Journaliste
Gwenaël Breës – Journaliste et vidéaste
Didier Brissa – www.missurecoute.be, Une Autre gauche
Maia Chauvier – Comédienne
Claude Debrulle – Juriste et échevin d’Ittre
Didier de Laveleye – Anthropologue
Céline Delforge – Député régionale Ecolo
Chris Den Hond
– Reporter, LCR
Vincent De Raeve – Accompagnateur syndical FGTB, écrivain
Freddy Dewille – Conseiller communal du groupe Gauche Anderlues
Didier Dirix – Secrétaire régional Enseignement, FGTB-CGSP Liège
Paul-Emile Dupret – Juriste, GUE/NGL, Parlement européen
Pascal Durand – Professeur à l’ULG
Séverine Dusollier – Professeur FUNDP (Namur)
Julien Dohet – Historien du mouvement ouvrier
Pierre Eyben – Secrétaire politique de la Fédération de Liège du PC
Oscar Flores – CRER
Pascale Fonteneau – Ecrivain
Cristina Gay – Co-porte-parole Une Autre Gauche
Jean Flinker – Membre du CLEA
Pierre Galand – Professeur ULB
Michèle Gilkinet – Présidente de GRAPPE (Groupe de Réflexion et d’Action Pour une Politique Ecologique)
Corinne Gobin – Directrice du GRAID, ULB
José Gotovitch – Historien, chargé de cours honoraire en Histoire ULB
Eric Grandjean – Enseignant
Michel Grétry – Journaliste RTBF
Daniel Hélin – Chanteur
Bernard Hengchen – Maître assistant à la Haute Ecole Charleroi Europe, éditeur de la revue Travailler le social
Francis Houart – LCR-Bruxelles, membre d’ATTAC
Denis Horman – LCR
Marc Jacquemain – ULG
Thierry Jacques – Président du MOC
David Jamar – Chercheur ULB
Jean-Jacques Jespers – journaliste, chargé de cours à l’ULB
Catherine Kestelyn – Déléguées syndicale SETCa Bruxelles
Bahar Kimyongür – Inculpé du procès DHKP-C
Jean-Marie Klinkenberg – Professeur à l’ULG
David Lannoy – Jeunes FGTB
Pierre Lannoy – Chargé de cours ULB
Catherine Lemaître – Conseillère communale Ecolo bruxelles
Arnaud Levêque – Permanent FGTB namur
Cédric Libert – Membre du secrétariat de la Fédération bruxelloise des jeunes socialistes
Karim Majoros – Militant Ecolo
Francis Martens – Psychanalyste
Philippe Mary – Professeur ULB
Gregory Marzec – Secrétaire Centrale-génarale FGTB Charleroi
Jacky Morael – Ancien secrétaire fédéral d’Ecolo, Ministre d’Etat
Anne Morelli – Professeure à l’ULB
Carla Nagels – ULB
Christine Pagnoulle – Chargée de cours à l’Université de Liège, membre d’ATTAC-Liège
Jorge Palma – Chercheur ULG
Jean-Claude Paye – Sociologue
Julien Pieret – Juriste ULB
Jean-François Pontégnie – Co-porte-parole Une Autre Gauche
Yke Raxola – Musicien
Michel Recloux – Bibliothécaire
Nadine Rosa-Rosso – Enseignante et auteur
Yannick Samzun – Secrétaire général du PAC
François Schreuer – Journaliste
Claire Scohier – Criminologue ULB
Miguel Oliveira Silva – Permanent Interprofessionnel FGTB Sud-Hainaut
Olivier Starquit – Militant associatif
Maxime Steinberg – Historien
Isabelle Stengers – Philosophe, ULB
Annick Stevens – Philosophe
Michel Sylin – Chargé de cours ULB
Edgar Szoc – Chercheur
Olivier Taymans – Journaliste
Lise Thiry – Sénatrice honoraire
Cedric Tolley – Sociologue
Nathalie Trussart – ULB
Julien Uyttebroek – Historien et journaliste
Philippe Uyttebroek – Délégué syndical, président CGSP enseignement – régionale de Bruxelles
Dan Van Raemdonck – Professeur ULB et VUB
David Vercauteren – Groupe de Recherche et de Formation Autonomes (GReFA)
Grégoire Wallenborn – Chercheur ULB

Le Cauchemar, lettre de prison

Tuesday, June 17th, 2008

in Le Soir

Je suis journaliste. Mais ce n’est pas pour ça que j’écris aujourd’hui. Ce texte est mon témoignage. Quelque chose d’immense et d’effrayant m’est arrivé, il y a plus d’une semaine.

C’était jeudi. Le 5 juin, c’est l’anniversaire de mon compagnon. A 5h00 du matin, on frappe à la porte. Je dormais encore, je m’habille vite, ça a l’air important. Lorsque j’ouvre, je vois des policiers dans la cage d’escalier. Il y en a beaucoup. Je pense à un cambriolage. On me dit que c’est pour une perquisition. Chez moi ? « Vous venez chez moi ? » je dis. Oui. Je leur demande pourquoi. « On ne sait pas. On a juste un mandat. » Ils entrent. « Vous êtes seule ? Vous êtes sûres ? » Ils sont 6 ou 7. Ce n’est pas normal. « Que ce passe-t-il ? » je dis. Sur le papier, il y a écrit « terrorisme », « urgence ». « Vous êtes privée de liberté, madame. » On ne réalise rien à ce moment-là. On ne comprend simplement pas les mots. La tête tourne. Ils fouillent. Tout. La cuisine, la salle de bain, mes vêtements, mes livres. Ils mettent des choses de côté, ils disent « on saisit ». ça dure 3 heures. Ils prennent les ordinateurs, des affiches, des livres, un bouquin en arabe. Je leur dit « je dois aller au travail. » « Je ne pense pas que ce soit possible. » Je voudrais téléphoner, mon GSM est déjà saisi. Mon équipe attendra à Reyers, mon compagnon aussi, je ne verrai pas mon frère qui prépare un voyage de plus d’un an en Espagne et au Mali. Personne ne saura où je suis aujourd’hui.

« Au bureau » comme ils disent, c’est l’interrogatoire. Des questions sur mon nom, mon âge, mon loyer, mon numéro de carte de banque, mes opinions politiques, mes amis. Des heures passent, je commence à trembler. Aux questions auxquelles je réponds « je ne sais pas », ils insistent. Avant de comprendre ce qu’ils veulent. Le choc se diffuse lentement, à chaque question. C’est l’après-midi. J’aperçois des hommes cagoulés, armés. Ils viendront me chercher. Il doit être 17 ou 18 heures. Je suis menottée, attachée par une corde que tiennent deux hommes. Je suis masquée, je ne peux rien voir. Trajet en voiture. Sirènes hurlantes, escorte. Arrivée au Palais de Justice. Des couloirs, des ascenseurs, je ne vois rien. On s’arrête. Un homme m’enlève les menottes, mains sur la tête ; un autre, le masque. Je suis face à un mur gris. Une porte se ferme. Je n’ai vu personne. Je n’ai rien vu à part cette porte grise qui s’est fermée, grise comme les murs, comme le rebord en béton. Les murs lisses, affreusement lisses. Il n’y a aucune ouverture. J’ai l’impression d’étouffer. Envie de taper sur ces murs lisses. Je ne dois pas pleurer. Personne ne m’a dit un mot. J’attends. Des heures. 20h ? 22h ? Interrogatoire chez la juge d’instruction. « Vous n’avez pas tout dit ». Un cauchemar qui se poursuit. Je ne sais pas où j’ai mal. Ça va s’arrêter, j’en suis sûre. Je pleure quand elle parle de ma famille. C’en est trop.

A nouveau le cachot. Ma tête est raide. Je m’allonge sur le rebord en béton. Quelle heure est-il ? Est-ce que le temps s’allonge ou se rétrécit ? On reviendra me chercher. Chez la juge, dans ce bureau allumé au fond d’un couloir. « J’ai hésité » elle dit. Alors je sais. Sur mon mandat d’arrêt, il est 2h30.

C’était il y a une semaine et quatre jours. Beaucoup de choses à dire sur le mandat d’arrêt, sur l’inculpation, sur les méthodes.

Des méthodes de cowboys, des interrogatoires où on renverse la charge de la preuve. On m’a épié, surveillée, mise sur écoute, analysé mes comptes bancaires et mon écriture, depuis plus d’un an. Attendait-on de moi que je conforte une hypothèse de départ ? Que je donne des noms qui alimenteraient leur idée ? Leur enquête est restée désespérément vide. Est-ce pour cela que je suis en prison ? Sommes-nous là parce qu’il DOIT y avoir quelque chose ? Il suffirait alors de bien peu : d’affirmer des solidarités, d’avoir des idées politiques. Je l’ai entendu à notre charge, ces idées politiques ont été présentées comme en soi terroristes !

Je n’ai jamais caché mon engagement. Il est public, libre et réfléchi. Défendre des étudiants, des sans-papiers, des prisonniers politiques, se battre pour un monde plus juste, ce ne sont pas des engagements dont on doit avoir honte. Si je n’avais pas été ici, j’aurais été devant ces prisons, j’aurais écrit des communiqués, j’aurais contacté des associations.

La souffrance de ma mère et de mes frères, la solitude de mon compagnon, la tristesse de mes amis, l’incompréhension sur mon lieu de travail, la privation de liberté de quatre militants, la criminalisation de la solidarité, sont-ils des prix à payer ?

Wahoub

Prison de Berkendael

Avant qu’il ne soit trop tard… La FBJS et écolo j réagissent…

Thursday, June 12th, 2008

Revoir les lois anti-terroristes avant qu’il ne soit trop tard…

La toute récente vague d’arrestations opérée en Belgique pour « participation aux activités d’une organisation terroriste » nous pose fortement question.

Disons-le tout net afin d’éviter tout malentendu, il n’est nullement question dans ce communiqué d’apporter un soutien inconditionnel à une organisation ou à ses membres.

Nous ne nous sentons particulièrement proche ni de leurs combats et certainement pas de leurs méthodes. Mais nous considérons qu’il pourrait s’agir ici d’une étape supplémentaire dans la remise en cause de notre Etat de droit, par l’utilisation faite par l’Etat belge des « lois anti-terroristes »1 et des « méthodes particulières de recherche »2.

Le souvenir des actions des CCC et des années de plomb, agité à profusion par la majorité des médias, ne peut nous éloigner d’une analyse sereine de la situation. Si on « dépassionne » le débat, nous constatons surtout que nous ne savons rien ou presque. Le Parquet fédéral se retranche derrière la « menace terroriste » pour entourer cette affaire d’un voile opaque.

Nous ne pouvons nous empêcher de penser aux antécédents du Parquet fédéral en matière de « terrorisme ». Ce prétexte de la « lutte contre le terrorisme » a déjà été utilisé contre Bahar Kimyongür ou contre des militants de Greenpeace… Demain, à qui le tour ?

A l’instar du Comité de vigilance en matière de lutte contre le terrorisme (Comité T), nous nous inquiétons du fait que « (…) sous couvert de lutte contre le terrorisme, certains Etats ont accentué la répression contre certaines formes d’opposition. Ils sont aidés en cela par le caractère sciemment vague de la définition du terrorisme, qui permet de criminaliser certains mouvements sociaux. »3.

Chacun de nous est potentiellement concerné et c’est ensemble que nous devons exiger la révision immédiate de cette législation anti-terroriste et la mise sur pied d’un groupe de travail au sein du Parlement fédéral entre les pouvoirs publics et les associations de défense des droits humains visant à recadrer le débat et à rédiger un texte de loi ne faisant pas fi des libertés individuelles et de la liberté d’expression.

Aujourd’hui, s’il s’avère que des personnes ont été incarcérées sur base de ces seuls « délits d’opinion », alors nous demandons urgemment que la justice belge les réhabilite publiquement et que l’Etat belge change immédiatement sa législation liberticide.

Enfin, nous demandons au Parquet fédéral de faire preuve d’une transparence totale dans l’affaire traitée actuellement ainsi que dans toutes les affaires tombant sous le coup de la « loi antiterroriste » afin de sortir de ce climat de peur créé au sein de la population.

1 Loi du 19 décembre 2003 relative aux infractions terroristes

2 Loi du 6 janvier 2003 concernant les méthodes particulières de recherche et quelques autres méthodes d’enquête

3 Rapport 2007 du Comité T, p. 3

Pour écolo j : Barbara Trachte (co-coordinatrice) et Christophe Dubois (co-coordinateur)

Pour la Fédération bruxelloise des Jeunes Socialistes : David Cordonnier (Président)